Voici la version écrite d’un balado qui sera bientôt disponible.
J’ai changé le nom de mon balado pour Quebec French Podcast, pour éviter la confusion avec mon autre site Learn Quebec French.
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10 choses à ne PAS faire pour apprendre le français
J’aimerais vous parler des choses à ne pas faire pour apprendre le français. Souvent, on donne des conseils pour apprendre une langue, par exemple en évitant certaines erreurs de grammaire ou en adoptant des stratégies d’apprentissage. Mais aujourd’hui, je veux plutôt vous parler d’erreurs d’apprentissage qui vous font perdre un temps précieux et qui ralentissent vos progrès.
J’ai donc réuni dix erreurs à éviter absolument si vous voulez vraiment progresser en français.
Mémoriser des listes de vocabulaire
On entend souvent qu’il suffit d’apprendre un certain nombre de mots pour pouvoir participer activement à une conversation. Par exemple, j’ai déjà entendu dire que mille mots représentent 80% de ce qui est dit dans une langue. On pourrait donc penser qu’apprendre ces mille mots par cœur nous permettrait d’atteindre un niveau de compréhension de 80% et de parler immédiatement.
Mauvaise nouvelle: 80 % de compréhension, ce n’est pas suffisant. En fait, à ce niveau, vous n’allez comprendre pratiquement rien de ce qui est dit. Si je vous montrais un texte avec 20 % des mots remplacés par des cases blanches ou noires, vous trouveriez ce texte incompréhensible.
De plus, quels mots allez-vous apprendre? Chaque conversation est différente et nécessite un vocabulaire varié.
Apprendre mille mots dans un ordre précis ne sert à rien. Vous apprendrez naturellement les mots les plus courants parce qu’ils reviennent dans les conversations. C’est pour cette raison que les listes de vocabulaire sont inutiles.
L’apprentissage doit se faire dans le contexte, en revoyant plusieurs fois les mêmes mots et expressions dans des situations variées.
J’ai beaucoup de livres de grammaire et de vocabulaire chez moi, et ceux que j’ai le moins utilisés – et qui ont été des achats inutiles – sont justement mes livres de vocabulaire. Pourquoi? Parce que même si je me dis parfois: Tiens, je vais voir quels mots je pourrais apprendre, cela ne sert à rien. Si un mot est important, je l’apprendrai en l’entendant et en le lisant dans son contexte. Ce qui me manque pour apprendre un mot, ce n’est pas une liste, mais plus de lecture, plus de conversations, plus d’écoute.
Essayer de corriger toutes vos erreurs
Avant, quand je donnais des cours particuliers, je corrigeais systématiquement les erreurs de mes élèves. J’essayais de noter les fautes qu’ils faisaient le plus souvent et de les aider à les éviter. Mais j’ai fini par être frustré, car ces erreurs revenaient encore et encore, parfois même quelques minutes après les avoir corrigées.
J’ai compris que ce n’était pas la meilleure approche. Il est plus efficace de corriger ce que l’élève ne peut pas détecter lui-même et de lui laisser le temps d’intégrer les corrections.
Par exemple, j’avais un élève que je n’avais pas vu depuis un an et demi. Il faisait toujours les mêmes erreurs, notamment en traduisant “It’s always the same” par “c’est toujours le même” au lieu de “c’est toujours la même chose”. J’avais beau le corriger, il refaisait cette erreur sans cesse.
Puis, un an et demi plus tard, quand il est revenu suivre des cours, il ne faisait plus cette erreur! Il avait progressé tout seul, avec le temps. Cela m’a confirmé que ce n’est pas en corrigeant chaque faute immédiatement que l’on apprend.
Utiliser Duolingo
Je suis convaincu que des applications comme Duolingo ne sont pas seulement inutiles, mais carrément nuisibles. J’ai remarqué que les élèves qui utilisent Duolingo progressent beaucoup moins vite que ceux qui ne l’utilisent pas. Il y a peut-être un effet inverse: ils ont l’impression d’apprendre, mais en réalité, ils stagnent.
Les créateurs des applications comme Duolingo ne sont pas des linguistes ni des spécialistes de l’enseignement des langues. Il n’y a pas de progression logique dans les leçons, juste des mots et des phrases isolés.
Personnellement, si je devais apprendre une nouvelle langue, je n’utiliserais jamais Duolingo. À la place, j’achèterais un cours comme Assimil, et je l’étudierais 15 minutes par jour (pour commencer). Ces méthodes sont bien plus efficaces.
Voici un article que j’ai écrit sur la question.
Utiliser des contenus trop faciles
Pour qu'il y ait apprentissage, il faut qu'il y ait une stimulation.
Pour qu'il y ait une stimulation, il faut qu'il y ait une certaine difficulté. Par exemple, si vous écoutez des podcasts et que vous comprenez absolument tout ce qui est dit ou presque et que vous avez l'impression d'être capable de suivre, ce n'est pas le bon niveau pour vous. Si vous lisez un article et qu'il n'y a pas au moins un ou deux mots nouveaux par page, essayez quelque chose d'un peu plus difficile.
Il faut donc se mettre au défi et ne pas seulement lire ou écouter des contenus trop faciles.
Utiliser les films et les séries comme principal moyen d'apprentissage
Je reviens à l'idée de la lecture. Vous ne trouverez jamais autant de vocabulaire concentré dans un film ou dans une série que dans un livre ou même dans un article de journal. Le problème avec les films et les séries, c'est qu'il y a trop de distractions, trop de temps entre les répliques, et qu'en fin de compte, on n'acquiert pas suffisamment de vocabulaire en passant une heure devant un épisode.
Je ne dis pas que c'est inutile de regarder des films ou des séries. Cela peut être utilisé comme une récompense ou comme un complément d'apprentissage, mais il existe de meilleures façons d'acquérir du vocabulaire.
Étudier plusieurs heures de suite
Il est préférable d'étudier une demi-heure chaque jour que quatre heures le samedi, même si le total hebdomadaire est moindre. Pourquoi? Parce que le cerveau se fatigue. De même, si vous avez plus de temps, il vaut mieux étudier une heure trois fois par jour que trois heures d'affilée.
Ce n'est pas toujours possible. Parfois, on s'inscrit à un cours qui dure plus longtemps, mais l'idée est de répartir son apprentissage.
Essayez donc de répartir votre apprentissage sur l'ensemble de la semaine et de la journée.
Chercher à comprendre tous les mots dans le contexte
Cela va un peu à l'encontre de ce que prônent certaines approches comme le comprehensible input ou les chaînes polyglottes, qui insistent sur le fait qu'il faut simplement lire et écouter jusqu'à ce que l'on comprenne.
Mais pour comprendre, il faut aussi se poser des questions. Qu'est-ce que cela signifie? Qu'est-ce que ce mot veut dire? Chercher des mots, même dans un dictionnaire bilingue, est une démarche qui peut vraiment vous aider.
Je ne suis pas contre l'usage des dictionnaires bilingues. Je ne pense pas qu'il faille rester à 100 % dans la langue cible. Vous n'avez pas besoin de tout comprendre uniquement en français.
Je vous recommande donc de chercher des mots, et d'en chercher plusieurs par jour. L'erreur principale que je remarque chez mes étudiants, c'est que certains ne sont pas assez curieux. Ils ne cherchent pas assez de mots. Il faut en chercher beaucoup chaque jour: au moins 10 à 15 mots.
Il existe plusieurs façons de chercher un mot. On peut, bien entendu, le rechercher dans un dictionnaire francophone ou bilingue. Quand je parle de dictionnaire, je ne parle pas forcément d'un dictionnaire papier. Cela peut être une application de dictionnaire.
Cependant, lorsqu'un dictionnaire est édité par une maison d'édition spécialisée, la qualité est souvent meilleure que celle des outils de traduction comme Google Translate.
Tester son niveau
Il y a une obsession pour les niveaux. Suis-je A2 ou B1? Suis-je B2 ou C1? À mon avis, cela n'a aucune importance. Tester son niveau n'est utile que pour des raisons administratives, comme l'immigration ou la certification des compétences linguistiques pour un emploi.
Sinon, cela ne fait qu'ajouter un stress inutile. De plus, les résultats obtenus ne sont pas toujours représentatifs, car évaluer avec précision le niveau de compétence linguistique de quelqu'un est un exercice complexe.
Ce qui compte réellement, c'est de savoir si vous progressez. Apprenez-vous de nouveaux mots? Vous sentez-vous plus à l'aise dans la langue? Plutôt que de se concentrer sur un résultat comme “je suis B1”, concentrez-vous sur le processus d'apprentissage et sur l'amélioration continue.
Imiter les natifs à 100%
Les natifs sont les personnes dont le français est la langue maternelle.
Il faut savoir qu'il existe plusieurs niveaux de langue.
En France comme au Québec, on distingue des niveaux de langage plus familiers, utilisés en famille ou entre amis, et des niveaux plus formels, notamment dans le monde professionnel et les affaires. On ne s'exprime pas de la même façon dans toutes les situations.
Par ailleurs, tous les francophones n'ont pas le même niveau de maîtrise du français. Certains s'expriment mieux que d'autres, selon leurs habitudes et leur milieu.
D'imiter les natifs sans discernement peut être une erreur, car vous ne serez pas toujours conscient des subtilités du langage. Vous pourriez reproduire des tournures inappropriées sans vous en rendre compte.
Utiliser trop de joual, de sacres ou d'argot
Encore une fois, il existe plusieurs niveaux de langue et il faut d'abord maîtriser un registre standard avant d'explorer d'autres registres.
Par exemple, au Québec, on apprend que “char” signifie “voiture”. On pourrait croire que ce mot remplace totalement voiture, mais ce n'est pas vrai. Au Québec, les deux termes coexistent et s'emploient dans des contextes différents.
Le mot char est familier et ne convient pas à toutes les situations. Certains apprenants utilisent ces mots sans bien maîtriser les codes sociaux qui les entourent. Cela peut poser deux problèmes:
Leur utilisation détonne avec le reste de leur langage, qui reste généralement plus standard.
Une mauvaise prononciation peut nuire à la compréhension.
Il vaut mieux commencer par maîtriser un français standard. Je ne dis pas qu'il faut parler comme dans un livre, mais plutôt utiliser un vocabulaire neutre, approprié à toutes les situations, avant d’intégrer des termes plus familiers.
J’enseigne le français québécois et ses expressions, mais cela sert avant tout à mieux comprendre la langue parlée au Québec. Il faut cependant maîtriser les registres de langue avant d’incorporer des mots familiers.
Par exemple, au Québec, “ici” peut parfois être prononcé “icitte”. Cette prononciation est perçue comme très familière, voire vulgaire. Elle peut être utilisée de manière humoristique ou dans un registre très relâché, mais elle ne convient pas à toutes les situations.
Même entre Québécois, le niveau de langue est jugé. Une personne qui parle trop en joual peut être perçue comme peu instruite. Il est donc important de comprendre ces codes et d’adopter un usage adapté à chaque contexte.
J'espère que ces conseils vous aideront! Si vous avez des questions ou des commentaires, n’hésitez pas à m’écrire.
Je ne crois jamais quelqu'un qui me dit qu'il a appris une langue sur Duolingo! Mensonges!
Je trouve Duo Lingo util. Je sais que je fais du progrès.