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10 choses à savoir sur le français québécois
Dans cet article, je vais vous présenter quelques caractéristiques qui rendent le français québécois un peu différent.
Tout d’abord, il est essentiel de comprendre que le français québécois n'est pas une langue distincte.
On me dit souvent:
Ah, je veux commencer à apprendre le français, mais directement le français québécois, pas le français de France!
En réalité, cette distinction est parfois floue parce qu’il existe plusieurs niveaux de langue.
Lorsque je parle du français québécois, je fais référence principalement au français parlé, au niveau plus familier de la langue utilisé au Québec dans des contextes quotidiens avec la famille ou les amis.
1. L’accent québécois n'est pas difficile à comprendre
Je ne comprends pas le français québécois, votre accent est compliqué!
Eh bien, sachez que ce n’est pas l’accent en soi qui complique la compréhension.
Mais qu’est-ce exactement que l'accent? L'accent se réfère essentiellement à la prononciation des voyelles et des sons, ainsi qu’à la musicalité générale de la langue.
Par exemple, si vous écoutez le français parlé à Radio-Canada, que ce soit via l'application OhDio en écoutant la radio en direct ou en regardant les émissions télévisées, vous remarquerez que les animateurs, en particulier à la radio, utilisent un français clair et facile à comprendre. Mes élèves me répètent fréquemment qu'ils comprennent plus facilement ce type de français.
Cependant, même dans ce contexte, l’accent reste québécois. Ce dernier est facilement compréhensible, mais demeure typiquement québécois.
Qu’est-ce que l’accent québécois précisément? Je vous l’expliquerai dans un instant.
Le premier point à retenir sur le français québécois est que ce n’est pas vraiment l’accent qui pose problème à la compréhension.
Ce qui complique véritablement les choses, ce sont plutôt les contractions, certaines particularités grammaticales, de petites modifications linguistiques et un vocabulaire distinct. C’est cet ensemble d’éléments qui peut rendre la compréhension difficile, et non pas simplement la prononciation.
2. Une phonétique plus riche
Une autre particularité intéressante du français québécois est que les Québécois utilisent davantage de voyelles et de sons que les Français.
On pourrait croire que le français québécois est une version simplifiée du français de France parce que certaines règles grammaticales ont effectivement été simplifiées au fil du temps. Pourtant, du point de vue phonétique, il s’agit plutôt d'une langue plus complexe.
Cette différence remonte à environ 400 ans, lorsque les premiers colons français ont commencé à s'installer au Québec.
Ces colons ont apporté avec eux le français de leur époque, tandis qu’en France et ailleurs en Europe, la langue a continué à évoluer et à se simplifier phonétiquement. Ainsi, certaines prononciations anciennes perdues en France ont été conservées au Québec.
Des exemples concrets de distinctions phonétiques
En France, par exemple, deux sons distincts se sont souvent confondus en un seul, notamment dans les conjugaisons verbales.
Conditionnel vs. futur. “Je ferais” (conditionnel) et “Je ferai” (futur) se prononcent fréquemment de manière identique en France (“ferais”). Cela peut entraîner une confusion entre le conditionnel et le futur.
Passé simple vs. imparfait. Dans un livre audio français, “j’aimai” (passé simple) est souvent prononcé comme “j’aimais” (imparfait), créant une ambiguïté temporelle.
Au Québec, cette confusion n’existe pas, car les distinctions phonétiques originales sont maintenues.
Voyelles longues et voyelles courtes
Une autre différence notable concerne les voyelles longues indiquées par l'accent circonflexe.
“Les pâtes” (aliment) vs. “les pattes” (d'un animal). En France, ces deux mots sont souvent prononcés de façon identique, avec une voyelle courte. Au Québec, au contraire, la distinction est non seulement préservée mais même accentuée, allant jusqu'à introduire une légère diphtongue (“pâotes”).
D’autres exemples incluent “maître” et “mettre”, où la différence est clairement marquée au Québec.
Distinction des voyelles nasales
Le français québécois conserve également la distinction entre les voyelles nasales “un”et “in”, contrairement au français de France où elles sont généralement fusionnées.
“Un bon vin” est prononcé en trois voyelles distinctes au Québec, mais en deux seulement en France (“in bon vin”).
Phénomène de diphtonguaison
Un phénomène particulièrement présent dans l'accent montréalais (mon accent!) est celui de la diphtonguaison, c'est-à-dire l'ajout d'une voyelle supplémentaire.
“Ma mère” devient “Ma maère”, ajoutant un léger “a” avant le “e”.
D'autres exemples courants: “un raêve”, “le caœur”, “le noourd”.
Bien que parfois subtile, cette diphtonguaison constitue une caractéristique distinctive et audible de l’accent québécois, surtout à Montréal.
3. Une abondance de contractions
Une autre particularité marquante du français québécois concerne l'utilisation fréquente des contractions. Une contraction survient lorsqu’on simplifie un mot en enlevant certaines parties, généralement pour faciliter une prononciation rapide.
Cette pratique existe en français de manière générale; les Français, les Suisses, et d'autres locuteurs du français utilisent souvent des contractions dans leur langage familier. Cependant, au Québec, ce phénomène est particulièrement accentué.
Exemple de contractions fréquentes
Prenons un exemple simple avec les mots “à la”.
“À la plage” devient souvent “À’a plage” au Québec.
Ici, deux voyelles identiques (“a”) séparées par une consonne (“l”) tendent à fusionner. Les Québécois éliminent la consonne tout en conservant une voyelle légèrement allongée pour indiquer qu’il s'agit bien de deux mots distincts. “À’a plage” , avec un son “a” prolongé.
Un autre exemple similaire serait “à la cabane à sucre”, prononcé “à’a cabane à sucre”.
Analogies avec d’autres langues latines
Ces contractions québécoises rappellent parfois celles d'autres langues latines, comme l'italien ou le portugais.
Par exemple, en italien, la préposition “su” combinée à l’article défini “il” forme “sul”. Le français québécois connaît un phénomène semblable.
“Sur le divan” devient “su’le divan”!
Dans ce cas, le “r” disparaît pour faciliter la prononciation. Ce type de contraction est extrêmement courant au Québec et caractérise fortement la langue parlée au quotidien.
4. Les contractions conservent l'essentiel
Une particularité intéressante à noter concernant les contractions en français québécois est qu’elles conservent toujours les parties importantes des mots d’un point de vue grammatical et syntaxique.
Lorsqu’on analyse une transcription écrite du français québécois parlé, on remarque rapidement que ce qui semble inutile est supprimé, tandis que les éléments essentiels au sens grammatical restent clairement présents.
Exemple de conservation grammaticale dans les contractions
Prenons l’expression suivante en français québécois:
“Mets-le s’a table” pour “mets-le sur la table”.
Pour un Québécois, le sens est évident grâce à une légère modification de la voyelle. Ce n’est pas prononcé “sa table” mais plutôt “s’aaa table”, avec un son “a” prolongé. Ainsi, la contraction préserve les parties cruciales des mots.
Le “s” du mot “sur”.
Le “a” du mot “la”.
La prononciation légèrement modifiée rend le sens immédiatement clair.
Autres exemples de contractions conservant le sens grammatical
Un autre exemple est celui du pronom possessif “leur”. Au Québec, il est courant d’omettre le “r” final, donnant ainsi :
“On peut pas leu’ donner tout ce qu'ils veulent” au lieu de “On peut pas leur donner tout ce qu'ils veulent”
Ici encore, l’essentiel grammatical est préservé, assurant la clarté du sens malgré la simplification phonétique.
5. L’usage des questions inversées
Une particularité notable du français québécois est l'emploi régulier des questions inversées.
Lors d'un voyage, j'ai rencontré des Français qui trouvaient intéressant et charmant mon usage d’expressions comme “veux-tu” ou “peux-tu”. En effet, ce type de question inversée reste très présent dans le français parlé au Québec.
Exemples de questions inversées
Il existe plusieurs façons de poser une question en français.
Est-ce que tu veux du café?
Tu veux du café? (avec une intonation interrogative)
Veux-tu du café? » (inversion)
Alors que les deux premières formes sont courantes en France, la troisième, avec inversion, est moins fréquente dans le français contemporain parlé en France.
Limitation de l’inversion aux personnes « tu » et « vous »
Au Québec, l'inversion est couramment utilisée, mais uniquement avec la deuxième personne du singulier (“tu”) et la deuxième personne du pluriel (“vous”).
Voulez-vous du café?
Viens-tu au party?
Vas-tu y aller finalement?
L’usage limité au présent et au conditionnel
Les questions inversées québécoises se limitent au présent et au conditionnel.
Présent. “Viens-tu avec nous?”
Conditionnel. “Prendriez-vous un peu de café?”, “Aimeriez-vous un peu de vin, matante? », “Pourriez-vous répéter ça?”
On n'utilise pas cette forme interrogative avec d'autres personnes grammaticales. Ainsi, on ne dira pas “puis-je?” ou “veut-il?” .
6. On utilise aussi le “tu” interrogatif
En plus des questions inversées, le français québécois a une autre façon bien particulière de poser des questions: l’usage du “tu” interrogatif.
Ce petit mot, dans ce contexte, ne signifie pas “toi”. Il ne joue aucun rôle de pronom personnel ici. Il s’agit simplement d’un mot ajouté à la phrase pour signaler qu’il s’agit d’une question.
Fonctionnement du “tu” interrogatif
Ce “tu” peut être utilisé avec presque toutes les personnes grammaticales.
Je peux-tu? (Est-ce que je peux?)
Tu veux-tu? (Est-ce que tu veux?)
Il peut-tu? (Est-ce qu’il peut?)
Il s’utilise très peu avec “nous” et un peu moins avec “vous”, mais pour la plupart des autres personnes, il est courant. En ajoutant simplement “tu”, la phrase devient une question.
Cela donne parfois des doubles emplois du mot “tu”.
Tu m’aimes-tu? Comme dans la chanson de Richard Desjardins.
Quelle différence avec les questions inversées ?
Les deux formes, l’inversion (“veux-tu”) et le “tu” interrogatif (“tu veux-tu”), coexistent au Québec. La nuance est subtile, mais importante. Le “tu” interrogatif est généralement plus expressif et plus familier. Il ajoute une touche d’émotion ou d’emphase à la question.
Le “tu” pour marquer la surprise
On retrouve aussi le “tu” interrogatif dans des phrases exclamatives.
C’est-tu pas possible, ça ?
C’est une forme un peu plus avancée que j’explique plus en détail dans mes cours.
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7. On utilise les anglicismes différemment
Eh non, les anglicismes ne sont pas réservés au Québec — en France aussi, on les utilise !
Mais il est vrai que les Québécois ont la réputation d’en utiliser beaucoup. Ce qui est intéressant, c’est que plusieurs de ces anglicismes, présents depuis longtemps dans la langue québécoise, ont évolué au point de ne plus signifier exactement la même chose qu’en anglais. Le mot d’origine est intégré, adapté, et parfois totalement transformé.
Des anglicismes... mais pas tout à fait les mêmes
En France, on dit “c’est fun”, en utilisant le mot anglais “fun” tel quel.
Au Québec, on dira plutôt “c’est le fun”. L’article défini “le” est ajouté.
“C’était le fun de te voir.”
”Ce spectacle-là était le fun.”
Un autre exemple est le mot “hot”, prononcé sans le “h” comme en anglais, et qui veut dire quelque chose de cool, impressionnant ou intense au Québec :
« C’était hot, ce spectacle-là ! »
Différences de genre
Certains anglicismes peuvent aussi différer selon le genre grammatical utilisé.
En France: un job
Au Québec: une job
Et parfois, l’inverse se produit: les Québécois ont trouvé une alternative francisée à des anglicismes plus courants en France.
En France: faire du shopping
Au Québec: magasiner
8. L’usage de mots anciens ou devenus rares en France
Le français québécois se distingue également par la présence de mots jugés dépassés, vieillis ou littéraires en France, mais encore tout à fait vivants au Québec.
Des mots archaïques toujours d’usage
Voici quelques exemples de mots qui ont pratiquement disparu du langage courant en France, mais que les Québécois continuent d’utiliser.
Ennuyant / ennuyante
En France, on dira plutôt « ennuyeux / ennuyeuse.
Au Québec, on dira couramment “ennuyant”, pour désigner quelque chose de plate ou d’inintéressant.
Les deux versions existent dans les dictionnaires, mais “ennuyant” est souvent considéré comme vieilli… sauf au Québec, où il reste bien vivant.
Noirceur
Ce mot, qui désigne l’obscurité, est encore couramment utilisé au Québec.
En France, on le retrouve rarement dans la langue parlée. Il est archaïque.
V’là!
Au Québec, on utilise aussi une tournure très ancienne pour dire “il y a” (dans le sens temporel) :
En France, on dirait : “Il y a cinq ans”
Au Québec, on dit: “V’là cinq ans, je suis allé faire un voyage en France.”
Ce “v’là” vient en fait de “voilà”, qui s’utilise encore dans un registre littéraire en France.
Voilà dix ans que je ne l’ai pas vue.
Mais au Québec, cette tournure est encore bien vivante dans la langue familière, sans connotation littéraire. On dira simplement:
V’là dix ans, j’ai déménagé à Montréal.
9. Des pronoms transformés
En français québécois, les pronoms subissent plusieurs transformations phonétiques qui les distinguent du français parlé en France. Bien sûr, certaines de ces réductions existent aussi en France. Par exemple, on entend souvent:
“Il m’a dit” prononcé comme “y m’a dit”
Mais au Québec, ces contractions sont poussées encore plus loin, notamment lorsqu’un verbe commence par une voyelle.
“Il a dit” devient “y’a dit”.
Le cas du verbe « être »
Prenons maintenant la phrase “je suis allé”.
En France, on va souvent dire “chuis allé”
Au Québec, on va un cran plus loin avec “chus allé”.
Comme cette forme peut sembler difficile à articuler, une fausse liaison s’ajoute naturellement, donnant:
“Ch’t’allé”
Cette expression est fréquemment utilisée à l’oral et signifie tout simplement “je suis allé.”
10. Nous avons plusieurs niveaux de langue selon le contexte
Comme mentionné au début, le français québécois n’est pas une langue officielle distincte, mais plutôt un niveau de langue, celui de la langue parlée, quotidienne, qu’on entend dans la rue, en famille ou entre amis. Mais ce n’est pas le seul niveau de langue utilisé au Québec.
Une langue aux multiples registres
Il est faux de croire que les Québécois parlent toujours de la même manière dans toutes les situations. En réalité, la langue change selon le contexte, comme dans toutes les variétés du français. On adapte son vocabulaire, ses expressions et sa prononciation en fonction de la situation, de l’interlocuteur, et même de l’objectif de la conversation.
Voici une gradation simplifiée des niveaux de langue qu’on peut entendre au Québec.
Le joual (très familier, 100 % québécois)
Ah ben, c’est-tu pas mononcle Bob qui s’en vient ? Hey, y’a-tu un air de boeuf aujourd’hui!
Le niveau familier / amical
Ah ben, c’est mononcle Bob qui s’en vient. Ça fait longtemps qu’on l’a pas vu. Y’a l’air un peu de mauvaise humeur aujourd’hui.
Le français international / standard
Ah bien, voici oncle Bob qui s’en vient. Il a l’air un petit peu de mauvaise humeur aujourd’hui.
Le niveau soutenu / éduqué
Monsieur Bob Graton est arrivé, et il a plutôt l’air de mauvaise humeur.
Le langage des affaires
Monsieur Graton, êtes-vous intéressé par notre proposition d’affaires? Je crois que cela représenterait pour vous une occasion en or!
Adapter son registre selon la situation
Ce que cela veut dire, c’est que les mots québécois familiers ne conviennent pas à toutes les situations. Beaucoup d’élèves apprennent des expressions très québécoises, comme “char” pour “voiture”, et se mettent à les utiliser partout. Mais il faut aussi apprendre à reconnaître quand et avec qui ces mots sont appropriés.
En parlant à un garagiste de quartier.
Mon char fait un drôle de bruit!
En contexte plus formel ou professionnel (chez le concessionnaire, lors d’une négociation).
J’ai un petit problème avec ma voiture.
Même chose pour les montants d’argent. Entre amis:
J’ai juste 20 piass!
À la banque.
Il me faudrait 200 000 dollars pour conclure cette transaction.
Maîtriser tous les registres
Apprendre le français québécois ne signifie donc pas seulement apprendre des expressions typiques — cela implique aussi de maîtriser plusieurs registres de langue pour pouvoir s’adapter à différentes situations. Cette flexibilité est essentielle pour bien communiquer dans un milieu québécois.
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