🎤 Voici l’article qui accompagne mon prochain balado. 🎤
Qu’est-ce que les langues et la musique ont en commun?
Est-ce que les musiciens apprennent mieux les langues?
Est-ce qu’avoir une oreille musicale nous rend aussi plus aptes à devenir polyglottes?
C’est un sujet fascinant, qui soulève toutes sortes de croyances et de mythes.
Aujourd’hui, je vous raconte mon parcours personnel, entre musique et langues, et je vous confie ce que j’ai appris.
Ce que la musique m’a appris sur l’apprentissage du français (et des autres langues)
Je sais un peu de quoi je parle, parce que j’ai essayé de devenir musicien.
Certains pourraient dire que je suis un musicien raté, mais ce n’est pas le cas. J’ai simplement fait le choix conscient de passer à autre chose.
À l’âge plutôt tardif de 17 ans, presque 18, j’ai pris une guitare pour la première fois dans mes mains et je suis tombé complètement amoureux.
J’ai commencé à pratiquer sans méthode, à raison de 7-8 heures par jour, comme un fou!
Un ami m’a alors proposé quelque chose qui allait changer ma vie: m’inscrire au cégep en musique.
Moi, je ne savais même pas lire la musique.
Il m’a dit: « Il te reste trois mois pour t’inscrire, je peux t’enseigner ».
Et il l’a fait.
Son père était professeur de guitare classique. Grâce à lui, j’ai appris les bases, à lire la musique, et j’ai préparé une audition… que j’ai passée, de justesse.
Le passage au classique
Je voulais étudier la guitare électrique, mais on m’a orienté vers une session de guitare classique. Et là, j’ai rencontré un prof passionné, le genre de prof qui change une vie.
Je suis resté dans ce programme.
J’ai fait trois ans de guitare classique, intensivement.
Je pratiquais quatre heures par jour. J’ai appris un peu de piano, j’allais à mes cours, je vivais pour la musique.
Mais à la fin, j’ai compris quelque chose: j’avais la discipline, un certain talent, mais pas le véritable talent musical nécessaire pour percer. Et j’ai eu l’intuition que ce n’était pas ma voie.
La musique reste en moi
Je n’ai pas poursuivi une carrière en musique, mais je joue encore de temps en temps. J’essaie parfois d’apprendre une pièce, de m’y remettre un peu. Une fois qu’on a appris la musique, ça reste avec nous. On peut reprendre un instrument, on sait lire la musique, on a gardé une partie de ce savoir.
Mais je ne me considère pas comme un musicien.
Je suis quelqu’un qui aime la musique, qui a des bases, mais ce que j’ai surtout appris, c’est la discipline.
Et cette discipline m’a aidé ensuite à apprendre des langues
Langues et musique : les vrais points communs
Le mythe de l’oreille
On dit souvent que musique et langues sont liées parce qu’on « écoute » dans les deux cas. On développe une oreille musicale, on entend des sons à reproduire.
Mais en vérité, je ne crois pas que la musique vous rend meilleur en langues.
J’ai connu des gens très bons en musique mais pas très bons en langues. Et d’autres qui n’ont jamais joué d’un instrument et qui apprennent très bien les langues. Donc, pour moi, ce n’est pas transférable.
Et surtout, je pense que la musique est plus difficile que les langues.
Parce qu’on a tous appris une langue, notre langue maternelle.
On est fait pour apprendre des langues. Mais jouer d’un instrument, ce n’est pas naturel. Il faut du talent, beaucoup de travail. Et les standards sont élevés.
La pratique et la règle des 10,000 heures
C’est dans la pratique qu’on trouve les vrais points communs.
En musique, on parle souvent de la règle des 10 000 heures
Ou comme disait Eddie Van Halen: 5 heures par jour pendant 5 ans.
Ça fait beaucoup de temps. Et c’est pareil pour les langues. J’ai passé au moins deux heures par jour, pendant deux ans, pour chaque langue que j’ai vraiment apprise. Parfois plus.
Il ne suffit pas de pratiquer, il faut bien pratiquer.
Un virtuose disait: « Pratique avec tes doigts, et tu auras besoin de toute la journée. Pratique avec ton esprit, et deux heures suffisent. »
Donc, pratiquer ce qu’on sait déjà, ce n’est pas vraiment pratiquer. Il faut travailler ce qui est difficile.
En musique: gammes, accords, passages problématiques.
En langues: lecture active, grammaire ciblée, prononciation.
Pas juste regarder un film passivement!
Comment bien structurer sa pratique (langues ou musique)
Par exemple, en ce moment, je fais 20 minutes de piano le matin et 15-20 minutes de guitare le soir. Avec si peu de temps, je structure:
2-3 minutes de lecture à vue
8 minutes de gammes ou d’accords
10 minutes à pratiquer un passage d’une pièce
C’est tout, mais c’est structuré.
Et on peut faire pareil avec une langue
5 minutes à réviser ses notes
5 minutes de grammaire
15 minutes de lecture active (avec audio si possible)
Et si vous avez une heure, comme moi cette année pour une langue que j’améliore, vous pouvez lire une heure par jour, écouter l’audio, chercher le vocabulaire. C’est la base de ma pratique.
Pratiquer plus… ou mieux?
Il y a cette idée qu’il faut pratiquer régulièrement. Si on en fait plus, on apprend plus. Mais jusqu’à un certain point. Parce qu’il y a une limite naturelle au temps utile de pratique.
J’ai entendu plusieurs musiciens dire que pratiquer plus que quatre heures par jour, ce n’est pas forcément utile.
Oui, on peut pratiquer huit heures, dix heures par jour, mais à un moment donné, on a de moins en moins de retour sur notre investissement. On finit par répéter machinalement, sans progresser.
Donc ce n’est pas juste une question de quantité, mais de qualité de pratique. Il vaut mieux bien pratiquer que pratiquer beaucoup. Et je pense que ça s’applique parfaitement à l’apprentissage des langues.
Apprentissage actif d’une langue
On peut facilement perdre notre temps à faire des activités passives.
Regarder un film en français sans vraiment écouter, ça ne sert pas à grand-chose. Mais si vous lisez un livre en même temps que vous écoutez la version audio, que vous remarquez les prononciations, que vous vous arrêtez sur les mots nouveaux… là, c’est autre chose.
C’est ça, l’apprentissage actif
Lire avec l’audio
Chercher le vocabulaire qui revient
Faire des pauses, prendre des notes
Même 5 à 10 minutes de grammaire par jour, bien ciblées, peuvent aider. Par exemple, revoir une conjugaison, faire un petit exercice, mémoriser certaines tournures. Je ne recommande pas d’apprendre du vocabulaire par cœur en général, mais il y a des choses qui valent la peine d’être apprises de façon plus structurée, comme les verbes irréguliers, les conjugaisons essentielles.
Le niveau avancé semble toujours hors de portée
Il y a véritablement trois niveaux dans les langues et dans la musique.
Le niveau débutant est assez facile à atteindre.
Le niveau intermédiaire semble possible avec beaucoup d’efforts.
Le niveau avancé semble souvent inaccessible ou impossible.
Je pourrais redevenir un guitariste intermédiaire si je m’y remettais une heure par jour pendant un an ou deux. Mais le niveau avancé? Il me semble impossible.
C’est pareil avec les langues. Ce qui vous semblait impossible au début est maintenant acquis. Et pourtant, vous vous sentez encore loin du niveau avancé. C’est normal. La barre monte. Le niveau avancé, c’est le travail d’une vie.
On peut oublier et réapprendre
Après le cégep, je suis allé vivre en Californie. Je n’avais même pas ma guitare. Plus tard, je m’y suis remis. J’avais tout perdu? Pas vraiment. Tout revient plus vite la deuxième fois.
C’est pareil pour les langues. J’ai passé plus de 20 ans sans parler portugais. Et j’ai pu le réapprendre. Plus vite que la première fois.
Quand vous oubliez un mot, ce n’est pas un échec, c’est une étape. Vous allez l’oublier plusieurs fois avant de vraiment le retenir.
Une structure pour progresser
Si vous êtes découragés, prenez une pause. Mais revenez avec un plan. La structure est essentielle.
C’est pour ça que j’ai créé mon programme French With Frederic. Je vous donne une structure, semaine après semaine, pour toute l’année: des livres, des films, du vocabulaire, tout est organisé. Vous saurez exactement comment organiser votre temps.