Combien ça coûte, vivre à Montréal?
Intermediate series: Les vrais chiffres, révélés par un Montréalais
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On dirait qu’aujourd’hui, tout le monde veut habiter à Montréal.
Dans les années 90 et 2000, beaucoup de Français, étonnés des prix du logement, sont venus en masse acheter les condos du Plateau Mont-Royal. Anciennement, le Plateau était un quartier très pauvre, mais maintenant, c’est tout le contraire. C’est devenu un quartier chic.
Mais il n’y a pas que les Français qui ont été attirés par les bas prix de Montréal.
De nos jours, d’autres Canayens1 du ROC vient habiter à Montréal. (Le ROC, c’est le Rest of Canada, le terme sympa que les Canadiens anglais ont eux-mêmes donné à ces provinces hors Québec). Asphyxiés par le coût du logement à Toronto ou Vancouver, ils s’installent maintenant dans la province qui autrefois voulait demander le divorce avec le Canada.
Certains viennent donc parce que la vie est moins chère ici. Mais d’autres sont tout simplement attirés par la promesse d’une vie nouvelle.
J’ai pensé qu’il serait intéressant de parler du coût de la vie à Montréal aujourd’hui, en 2023, pour ceux qui penseraient s’installer ici, pour quelque temps ou pour longtemps.
Mais avant…
Mes dix chansons québécoises préférées
Ça fait longtemps que je voulais vous parler de musique. Un de mes étudiants apprend le français québécois surtout à l’aide de chansons. C’est un peu grâce à lui, d’ailleurs, que j’ai découvert des artistes plus jeunes, et que je ne suis pas resté à 100% dans les années 90 et 2000! (Merci Aidan)
J’ai pensé aujourd’hui vous partager mes dix chansons québécoises préférées. Je les aime parce qu’elles sont belles, mais aussi parce qu’elles représentent quelque chose de spécial pour moi. Ce sont donc des choix très personnels.
Voici la liste sur Spotify:
Et voici mes commentaires sur chaque chanson:
I lost my baby, de Jean Leloup (1996)
Dans les années 90, avec sa personnalité explosive, Jean Leloup était la rock star québécoise par excellence. Il a enchaîné2 les succès un après l’autre. J’ai entendu dire qu’il a écrit I lost my baby comme une caricature d’une chanson d’amour pop. Pour lui, c’était presque une blague, mais c’est devenu sa chanson la plus populaire! Une fois, je l’ai vu en concert, et il a refusé de la jouer, malgré les demandes incessantes du public. Il n’a pas craqué3 et ne l’a pas jouée… Tout un personnage, mais aussi, toute une chanson.
Coton ouaté, de Bleu Jeans Bleu (2019)
Quand j’ai entendu cette chanson pour la première fois, j’ai pensé, « wow, c’est vraiment cool cette musique! » Le Québec au complet a capoté4 sur cette toune5 humoristique, qui est devenue le hit de l’été 2019. D’ailleurs, il faut voir la vidéo.
Hélène, de Roch Voisine (1989)
Hélène, la chanson la plus connue de Rock Voisine, aussi ridicule que cela puisse paraître, est associée à ma première amourette6, avec une fille qui s’appelait justement… Hélène!
Sèche tes pleurs, de Daniel Bélanger (1992)
J’ai failli choisir, Rêver mieux, mais Sèche tes pleurs, pour ses paroles et pour sa musique, c'est vraiment une chanson extraordinaire. Il faut aussi écouter l’album Rêver Mieux, un chef-d’oeuvre des années 2000.
Pour une histoire d’un soir, de Marie Denise Pelletier (1987)
Marie Denise Pelletier est pour certains l’une de ces reines de la pop «spray net» québécoise. C’est-à-dire une star de la pop des années 80. Cette chanson, composée par Luc Plamondon, va sembler très quétaine7 aux plus jeunes, mais pour moi, c’est la nostalgie des années 80! Encore mieux que Stranger Things. La mélodie, sous la plume de Plamondon, est incroyable et impossible à oublier.
Isabelle, de Jean Leloup (1990)
Même si I Lost My Baby est le plus gros hit de Jean Leloup, ma chanson préférée de lui est Isabelle. Quelle énergie incroyable! Et j’adore les paroles, qui sont vraiment difficiles à chanter à la même vitesse.
Chats sauvages, de Marjo (1985)
Quétaine, en français québécois, veut dire un peu dépassé, un peu kitsch. Eh bien, j’ai un faible pour le quétaine. Bon, la chanson est vraiment bonne. Les arrangements de synthétiseur ont peut-être mal vieilli, mais cela rajoute tout le charme nostalgique. Marjo est une légende et cette chanson était un tube8 incroyable à l’époque.
Frédéric, de Claude Léveillée (1963)
La chanson s’appelle Frédéric, et pour cette raison, mon père et mon frère n’arrêtaient pas de la faire jouer! C’est aussi probablement la chanson la plus nostalgique que je connaisse. Impossible de ne pas avoir un serrement au cœur en l’entendant.
C’est zéro, de Julie Masse (1990)
Dans les années 90, tous les adolescents de mon âge, et pas seulement eux, étaient secrètement amoureux de Julie Masse! Dommage pour nous, car elle est partie vivre avec le chanteur Corey Hart aux Bahamas, en 1995.
Montréal, de Ariane Moffat (2005)
Quand j’habitais en Californie, à un moment donné, j’ai commencé à avoir le mal du pays. Et j’ai commencé à écouter du Robert Charlebois. Sa chanson, Je reviendrai à Montréal, exprimait tout ce que je ressentais! Mais voici une chanson plus moderne sur le même thème que celle de Charlebois, mais cette-fois ci, avec un peu plus de pep9 et d’entrain! Et une fois qu’on l’a entendue, c’est impossible de se l’enlever de la tête.
Combien ça coûte, vivre à Montréal ?
Voici donc mon budget à l’heure actuelle. Je vais, à travers mon expérience, essayer de vous donner une idée du coût de la vie à Montréal en 2023. Je n’inclus pas dans ce budget les dépenses extra, tel que les voyages ou les autres achats ou cadeaux.
Tous les prix, sauf exception, sont en dollars canadiens.
Aussi, j’ai acheté en 2021 l’appartement que je louais depuis plusieurs années. Donc, mon budget de logement est différent maintenant, puisque j’ai une hypothèque qui me coûte plus cher qu’un loyer. Ce que j’ai fait est donc de calculer à combien serait mon loyer aujourd’hui, si j’avais continué de louer.
Le logement
Les Montréalais se remémorent10 tous avec nostalgie de l’époque pas si lointaine où ça ne coûtait pratiquement rien de louer un appartement à Montréal.
Dans le début des années 2000, j’arrivais de la Californie, où je payais $400US par mois pour une chambre minuscule dans une maison, où j’avais un lit et un bureau. À l’époque en plus, le dollar américain valait presque 50% plus cher que le dollar canadien.
En arrivant à Montréal, j’ai loué une maison gigantesque sur deux étages, sur St-Denis, coin Beaubien pour $1100, que je partageais avec trois colocs.
Combien coûte un appartement aujourd’hui, après deux ou trois ans de pandémie, après la folie immobilière qui s’en est suivi, et en pleine crise d’inflation et de logement?
On vous dira que la réponse à cette question dépend de plein de facteurs : le quartier, la vue, l’immeuble, et le luxe ou son absence.
La vraie réponse
La vraie réponse est que pour $1600 par mois, on peut commencer à trouver un 4 et ½ intéressant. En fouillant plus, on peut trouver quelque chose pour $1300 par mois, mais il faut peut-être faire quelques sacrifices.
En passant, un 4 et ½ c’est un appartement avec deux chambres. Le “demi” c’est la salle de bain!
Pour les 3 et ½ (une seule chambre), les prix commencent à $1100 pour quelque chose de décent et de bien situé. En prévoyant11 $1300 à $1600 par mois, on commence à avoir plus de choix et de confort, et souvent, l’électricité et d’autres extras sont compris dans ces prix.
Il est possible de payer moins cher, mais il faut être patient, ou avoir des contacts. Il faut trouver quelqu’un qui quitte son logement et est prêt à nous céder son bail12.
Comme je vous l’ai dit, si j’avais continué à louer mon appartement, je paierais probablement $1400 aujourd’hui.
L’alimentation
Un adulte canadien dépense en moyenne 411 $ pour son épicerie, mais cela n’inclut pas les restaurants.
Selon une récente recherche, bien se nourrir coûterait au minimum $8.90 par jour, ou environ $270. Il faut préciser qu’il s’agit d’un prix minimum.
Mon budget est de $550 par mois, ceci en étant principalement végétarien, en incluant quelques restaurants, et en privilégiant les aliments bio et locaux.
Je commande à chaque semaine un panier de fruits et légumes des Fermes Lufa, et c’est la base de mon alimentation. Pour le reste, je vais au marché, ou à d’autres épiceries.
Je connais des gens qui dépensent mille dollars par mois. C’est facile si l'on va au restaurant souvent, ou si l’on est amateur de vins ou d’alcools fins.
Les restaurants
Un déjeuner populaire à Montréal sont Les oeufs bénédictine.
Au restaurant Le Vieux Vélo, connu pour ça, ce déjeuner coûte $24 avec taxes, mais sans le pourboire.
Le même genre de déjeuner dans un autre restaurant qui n’a rien de hipster, à deux pas du Marché Jean-Talon, Les œufs du marché, coûtera $16, avec taxes, mais toujours sans pourboire.
Un des secrets les mieux gardés de Montréal est la table d’hôte13 du restaurant grec Milos, sur Parc. Le repas du midi est une petite expérience culinaire en trois services, pour $38, avant taxes. Il y a quelques années, c’était $25.
Pour le reste, les prix varient énormément, mais la moyenne sera sûrement moins chère qu’à Paris, à Londres ou à Toronto.
L’électricité
L’électricité ne coûte pas très cher au Québec. Environ $85, pour un grand appartement, incluant la climatisation en été. Et un petit appartement dans un grand immeuble coûtera environ $40 par mois.
Le transport
La passe mensuelle de la STM (La société des transports de Montréal), qui vous permet de vous déplacer n’importe quand dans le métro ou en autobus, coûte maintenant $94 par mois, ou bien seulement $28.25 pour les 65 ans et plus.
L’abonnement Bixi, pour le vélo d’autopartage, coûte $89, avant taxes, pour toute la saison.
Pour la voiture, ça ne me coûte pas cher car je partage une auto avec mon frère, et je fais presque tout à pied!
Divertissement
Je suis abonné avec des amis à trois séries de spectacles:
Le Théâtre du Nouveau Monde (4 ou 5 spectacles)
L’Orchestre Symphonique de Montréal (5 spectacles)
L’Orchestre Métropolitain (3 spectacles)
Ça me fait donc un spectacle par mois, pour moins de $50.
Je vais aussi au cinéma une fois par mois, pour $12.
De plus, je vais souvent à des spectacles gratuits. Je trouve qu’on peut profiter de la vie culturelle à Montréal pour vraiment pas cher.
Et je garde seulement un abonnement, comme Netflix ou Amazon, mais je les change aux 2-3 mois.
Santé
Je profite du système de santé universel, et donc, je paye seulement pour les visites chez le dentiste. Les psychologues ne sont pas remboursés, et le tarif moyen est de $120 pour une heure. Mais il se trouve que j’ai deux amis psi!
Coiffure
Oui, ça me coûte seulement $20 pour une coupe de cheveux. Il faut dire qu’avant, je payais presque le double. Mais mon coiffeur a fermé son salon, et j’étais despespéré, étant habitué à lui. Je me suis donc laissé pousser les cheveux et la barbe… jusqu’à ce qu’un de mes élèves me dise que je ressemblais à un “explorateur allemand du 19ème siècle.”
J’ai donc trouvé ce salon très sympathique pour hommes dans la Petite Italie, qui offre des coupes rapides pour $17. Avec le pourboire, c’est seulement $20. Et j’en profite pour pratiquer un peu mon espagnol.
Le téléphone
Je ne dépense presque rien pour mon téléphone, $23 par mois avec les taxes, avec Fizz. L’année dernière, j’ai commencé à pratiquer une forme de minimalisme numérique. J’ai donc décidé de me débarrasser des données14 sur mon téléphone. En ça ne me manque presque jamais! Il y a toujours du wi-fi en ville, et de toute façon, je connais assez bien Montréal pour ne pas me perdre.
Internet
Ça me coûte environ $45 par mois, avec Virgin, pour une connexion fibre.
Marius
Marius me coûte en moyenne $120 par mois, pour sa nourriture, ses jouets, sa litière, et les visites chez le vétéritaire. En fait, je prends une assurance pour les animaux domestiques. Comme ça, si jamais un jour il décide d’avaler un autre jouet (comme il a fait il y a un mois) et qu’il tombe vraiment malade, je n’aurai pas à me préoccuper15 des frais vétérinaires.
Est-ce que la vie est chère?
Comme vous pouvez le constater, j’arrive à être plutôt économe16 à Montréal, même en 2023. Je dépense pour les choses que je trouve importantes, mais je coupe dans le superflu, et je vis pratiquement sans voiture.
Ça n’a pas toujours été le cas. Mais avec une hypothèque très chère, je n’ai pas le choix et je dois faire plus attention partout!
Même si le coût de la vie augmente partout, Montréal reste une ville assez abordable, si on la compare aux autres métropoles du monde. Si vous avez des questions, n’hésitez pas!
Vocabulaire
Les mots québécois sont identifiés par: (QC)