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Aujourd'hui, on va parler des pires erreurs en français des Québécois, mais en fait, on va surtout parler des erreurs à ne pas imiter.
On va parler en fait des erreurs qui sont critiquées non seulement dans la francophonie, mais aussi au Québec.
Ce sont des erreurs de français qui sont mal vues au Québec et qui ne sont pas acceptées dans le reste de la francophonie.
On ne va pas parler des erreurs qui ne sont pas vraiment des erreurs parce qu'elles sont des régionalismes ou des façons bien québécoises de parler qui sont plus ou moins acceptés
- Par exemple, la prononciation de elle à l'oral qui se transforme un peu et devient souvent A - A m'a dit au lieu de elle m'a dit 
 
- L'usage de certains mots qui sont différents comme présentement 
- L'usage de certaines prépositions qu'on utilise au Québec à soir au lieu de ce soir 
- Et du vocabulaire particulier au Québec, comme de dire la tuque à ma blonde 
Les niveaux de langage
Il faut savoir qu'il y a différents niveaux de langue. L'erreur principale n’est pas d'utiliser un langage familier mais c'est plutôt d'essayer d'utiliser un langage plus soutenu et de se tromper. Finalement, de ne pas maîtriser un registre de langue.
Il faut dire que la langue est un marqueur social.
Le Québec n'est pas une société très hiérarchisée comme la France mais il existe quand même un certain concept de classe sociale très simplifié (et pas du tout comparable à ce qui se passe en Angleterre ou dans d'autres pays d'Europe ou même aux États-Unis.) Mais il y a quand même cette idée d'éducation et de manque d'éducation. Et à travers la langue, on peut quand même assez bien identifier le niveau d'éducation de quelqu'un.
Ça ne veut pas dire qu'il faut un niveau universitaire pour bien parler. Si on maîtrise la langue, on va projeter une image positive de soi dans les occasions qui comptent vraiment.
La langue évolue?
Et c'est là que vous allez me dire «Oui, mais la langue évolue, Fred! La langue évolue!»
C'est vrai que la langue évolue et qu'on utilise des anglicismes qu'on n'utilisait pas avant et que l'usage de certains mots a changé!
Mais il faut savoir qu'on ne peut pas improviser ça du jour au lendemain.
Je ne peux pas décider soudainement de prendre une expression qui vient de l'espagnol ou de l'anglais et de la traduire littéralement en français en espérant que tout le monde va la comprendre.
On ne peut pas soudainement changer des règles de grammaire et se tromper avec l'usage de certains mots. C'est pour ça que les erreurs dont je vais vous parler sont critiquées.
Deux tics de langage à éviter
On va commencer par des petites erreurs et on va aller tranquillement vers des erreurs plus graves.
Au niveau de
Le premier, c'est l'expression au niveau de. On abuse vraiment de cette expression au Québec!
J'ai entendu quelqu'un dans la même conversation dire
- 🚫 Au niveau de l'agriculture 
- 🚫 Au niveau des produits du tabac 
- 🚫 Au niveau des jeunes du secondaire » et ainsi de suite 
On peut utiliser l'expression au niveau de mais l'idée est de marquer la hauteur, le rang, l'élévation. Par exemple, on peut dire:
- ✔️ J'ai de l'eau au niveau de la taille 
- ✔️ Un projet a été rejeté au niveau de la direction 
Mais l'usage abusif qu'on entend tellement au Québec de au niveau de, c'est quand on l'utilise pour remplacer en ce qui concerne, en ce qui a trait, en matière de ou même juste une simple préposition qu'on pourrait utiliser comme à.
Je dirais qu'en général, il est préférable d'éviter complètement l'expression au niveau de parce qu'on en abuse au Québec.
T’sé
L'autre tic de langage, c'est le fameux t'sais (prononcé t’sé)
T'sé, c'est tu sais, you know en anglais.
Le problème n’est pas tellement de l'utiliser dans un contexte familier, mais c'est de l'introduire dans un contexte plus formel.
Par exemple, de dire “t'sé” dans une situation où les gens se vouvoient. J'ai entendu des intervenants à la radio ou à la télévision utiliser t'sé dans une entrevue où on se vouvoyait. Ça ne passe pas du tout et c'est vraiment un tic de langage à éviter.
Les erreurs d'articles
Voici trois erreurs d'articles à éviter.
Oui, c'est vrai qu'au Québec, on entend certains mots au féminin alors qu'on devrait les dire au masculin.
Par exemple, une belle été ou une belle autobus.
Ça, c'est plus un régionalisme qu’on entend souvent dans certaines régions du Québec. Ce n’est pas à proscrire complètement parce que ça fait vraiment partie des caractéristiques du français parlé au Québec.
Là où c'est plus grave, c'est vraiment de se tromper avec l'usage des prépositions d'une façon illogique, d'une façon qui change complètement le sens des mots.
Une vacance
Par exemple, on entend parfois certaines personnes au Québec dire une vacance au lieu de dire des vacances.
- 🚫 J'ai une vacance la semaine prochaine 
Au lieu de dire
- ✔️ Je suis en vacances la semaine prochaine 
Il faut pas dire ça parce qu'il y a vraiment une différence entre vacances au pluriel et vacance au singulier.
- Vacation, en anglais, c'est vacances au pluriel. 
- Une vacance, au singulier, en français, c'est un poste vacant, un poste qui est disponible. 
Une nouvelle
Plus rarement, j'ai entendu 🚫 avoir une nouvelle de quelqu'un. Ici, il faut éviter de dire ça parce qu'il y a certains mots en français qu'on peut seulement utiliser au pluriel.
Et ici, on dit toujours ✔️avoir des nouvelles de quelqu'un.
Au Bali
Et finalement, quand on parle de pays, parfois les gens se trompent et utilisent des articles alors qu'ils ne devraient pas en utiliser.
La plupart des îles qui ne sont pas des pays n'utilisent pas d'articles.
Par exemple, on ne dit pas le Bali, on dit tout simplement Bali.
- 🚫 C'est donc une erreur de dire je suis allé au Bali. 
- ✔️ Il faut dire je suis allé à Bali. 
Une erreur de prononciation à éviter
Parfois au Québec, on entend a-oût au lieu de ou pour parler du mois d'août. Il y a deux prononciations possibles du mois d'août.
- ✔️ Il faut dire soit ou ou bien prononcer outte. 
- 🚫 C'est vu comme étant un peu vulgaire de dire a-ou même, encore pire, a-outte. 
Des erreurs de verbe
On commence à entrer dans des erreurs un peu plus graves.
Pourquoi? Parce que tous les enfants apprennent à l'école, dans les cours de français, qu'il ne faut pas dire 🚫 si je serais ou si j'aurais.
On apprend très jeune que les « si » n'aiment pas les « raies ».
Dans une phrase hypothétique avec « si », on n'utilise jamais le conditionnel, on utilise l'imparfait.
C'est une erreur très importante à éviter, même si on l'entend parfois au Québec, parce que c'est vu comme un marqueur social d'éducation.
Ils sontaient
Parfois au Québec, on entend certains verbes utilisés d'une autre façon.
- 🚫 Ils sontaient (✔️ ils étaient) 
- 🚫 Ils jousent (✔️ ils jouent) 
- 🚫 Ils croivent (✔️ ils croient) 
- 🚫 Ils voyent (✔️ ils voient) 
Encore une fois, ce sont des erreurs qu'il faut éviter parce qu'elles sont vraiment mal vues au Québec, à part peut-être dans certains contextes très familiers.
Promouvoir
Et finalement, il semble y avoir une confusion généralisée avec le verbe promouvoir. Ce verbe est peut-être plus utilisé en anglais qu'en français, «promote». En français, il est un peu difficile à conjuguer.
- je promeus 
- tu promeus 
- il/elle/on promeut 
- nous promouvons 
- vous promouvez 
- ils/elles promeuvent 
Donc on l'entend parfois, des erreurs avec ça, il y a des gens qui disent ils 🚫promouvoient.
Donc, c'est mieux de bien utiliser ce verbe ou de simplement éviter de l'utiliser complètement.
Autant vs. aussi
On l'entend parfois au Québec, autant utilisé à la place de aussi.
- 🚫 Elle est autant intelligente que lui. 
- ✔️ Elle est aussi intelligente que lui. 
C'est une erreur qui est très critiquée parce que c'est une erreur de base de grammaire en français.
- Aussi s'utilise avec un adjectif et un adverbe. 
- Autant s'utilise avec un nom ou un verbe. 
Généralement, on utilise autant pour exprimer les quantités.
- ✔️ Je n'ai pas autant d'argent que lui, par exemple. 
Une erreur de préposition à éviter
Quand on parle de certains magasins, il y a des magasins qui n'ont pas d'article.
Par exemple, Canadian Tire ou Costco.
Et donc, quand on parle d'aller à ces magasins, on ne peut pas utiliser la préposition au parce que au c'est la contraction de à + le.
- 🚫 Je vais au Costco 
- 🚫 Je vais au Canadian Tire 
- ✔️ Je vais chez Costco 
- ✔️ Je vais chez Canadian Tire 
C'est la même chose pour les professions qui sont réalisées par des personnes. Par exemple, le coiffeur, la coiffeuse ou le médecin.
- ✔️ Je vais chez le médecin 
- ✔️ Je vais chez le coiffeur ». 
- 🚫 On ne dit pas je vais au médecin, je vais au coiffeur 
C'est une erreur qui est très critiquée dans la francophonie, autant au Québec qu'en France. Je vous suggère vraiment de l'éviter, même si vous allez l'entendre de temps en temps.
Les erreurs de pronoms relatifs
On entend parfois au Québec: 🚫 un sujet qu'on va discuter au lieu de ✔️ un sujet dont on va discuter.
C'est difficile d'utiliser les pronoms relatifs, mais dans un langage plus soutenu, par exemple dans une entrevue à la télévision ou à la radio, on devrait pouvoir les utiliser correctement.
Pour utiliser les pronoms relatifs, il faut comprendre comment les prépositions fonctionnent en français.
Donc, quand on a un verbe qui utilise une préposition à ou de, on ne peut pas utiliser que dans une phrase subordonnée.
On ne peut pas dire un sujet qu'on va discuter parce que le verbe discuter s'utilise avec la préposition de.
Pour comprendre comment ça fonctionne, il faut simplement penser à le dire dans une phrase normale, par exemple:
- On va discuter de ce sujet 
- Un sujet dont on va discuter 
On ne peut pas dire ce que les gens ont besoin parce que l'expression avoir besoin s'utilise avec les prépositions de. Donc, il faudrait dire ce dont les gens ont besoin.
Vous allez dire « oui, oui, oui, oui, mais la langue évolue et les gens 
parlent comme ça et c'est normal »
Et je vais être d'accord avec vous! Dans un langage familier, on n'a pas toujours envie d'utiliser les pronoms relatifs!
Ça peut être un peu compliqué et donc, souvent, on raccourcit un peu avec l'usage du que.
Mais quand on est dans une situation professionnelle où on veut mieux s'exprimer, c'est important de bien les utiliser.
Et ça m'amène à une erreur plus grave qui est de…
Mal utiliser les pronoms relatifs
Ici, on est dans une situation où les gens essaient de bien parler, mais font une erreur. Par exemple:
- 🚫 Le modèle économique du Canada et du monde entier auquel on connait 
Dans cet exemple, la personne essaie d'utiliser un pronom relatif mais se trompe.
En fait, elle fait une surcorrection parce qu'ici, on ne devrait pas utiliser de pronom relatif.
Pourquoi?
Parce que connaître ne s'utilise pas avec la préposition à. Donc, on connaît quelque chose.
Donc ici, en fait, il aurait fallu dire que.
- ✔️ Le modèle économique qu'on connait (ou que l’on connait) 
Les calques de l’anglais
Finalement, les pires erreurs des Québécois en français à ne pas imiter!
On parle souvent des anglicismes.
Quand on parle d'anglicisme, on pense à des mots anglais qui sont utilisés en français. Par exemple, c'est cool, ça chill, etc.
Mais ce ne sont pas les pires anglicismes à éviter.
Les pires anglicismes à éviter, ce sont des calques de l'anglais.
Ce sont expressions en anglais qui sont traduites mot à mot.
Pourquoi c'est une erreur grave à éviter en français? Parce que c'est difficile à comprendre pour le reste des francophones (et même des apprenants du français).
Souvent, quand j'entends ces expressions, même si je comprends l'expression en anglais, quand la personne la dit en français, je sais même pas ce qu'elle veut dire. Il faut que je traduise mentalement de l'anglais au français pour comprendre le sens de cette expression.
Ce qui se passe, c'est qu'il y a plein de gens qui sont habitués de parler anglais et il y a des expressions qui nous viennent spontanément de l'anglais.
Notre cerveau a tendance à vouloir les traduire littéralement.
Mais il faut faire un effort et utiliser les bonnes expressions en français. Pourquoi? Parce que si quelqu'un ne comprend pas ces expressions en anglais, on ne va pas vous comprendre.
Même si quelqu'un comprend ces expressions en anglais, de les utiliser simplement en français est inhabituel et ralentit la communication. De plus, la plupart de ces anglicismes sont très critiqués.
Une règle de pouce
Voici un exemple. J’ai entendu quelqu’un dire:
- 🚫 Il y a une règle de pouce qui existe en finances personnelles, c'est pas mal connu. 
Au début, je n’ai pas compris ce que la personne voulait dire parce que j'avais jamais entendu quelqu'un utiliser cette expression en français. Il a fallu que je traduise mentalement de l'anglais et que je pense à rule of thumb.
Mettre la table
J’ai entendu à Radio-Canada, en parlant de la démission d’un ministre:
- 🚫 Même s'il essayait de mettre la table pour dire son âge et qu'il serait pas là pour tout le temps, j'ai rarement vu. 
Mettre la table! Ça m'a vraiment surpris quand j'ai entendu ça parce que, pour moi, mettre la table, c'est mettre la table 🍽️.
Ça veut pas dire autre chose en français.
Encore une fois, j'ai fait un effort mental pour traduire ce calque de l'anglais pour comprendre que ça voulait dire ✔️ préparer le terrain qui serait l'expression qu'on aurait utilisée en français (set the table)
On peut pas éviter complètement les calques de l’anglais mais il faut quand même faire un effort pour ne pas oublier les bonnes expressions à utiliser en français que tout le monde comprend. Encore une fois, l'idée est de faciliter la communication. Le français est riche en expressions!
Si on prend simplement des expressions de l'anglais et qu'on les traduit littéralement, c'est pas tout le monde qui va comprendre.
Est-ce que vous avez d'autres exemples? Laissez-les en commentaire.





