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Ma vie au Québec
Au cours des prochains épisodes, j’aimerais vous parler de la vie au Québec, et le faire de différents points de vue. Dans l’épisode d’aujourd’hui, je vais vous parler de ce que c’était de grandir au Québec, dans notre province francophone en plein milieu de l’Amérique du Nord anglophone. Dans les épisodes suivants, je vais aborder la vie adulte au Québec, à Montréal. Et finalement, je vais vous parler de la réalité d’être un immigrant au Québec, que se soit d’un autre pays au même du Canada anglais. Comme d’habitude, je vais insérer quelques mots québécois et vous les expliquer au fur et à mesure.
Parlons donc de ce que c’est de grandir au Québec.
Quand je travaillais beaucoup aux États-Unis, mes amis et mes collègues savaient que j’étais québécois et que ma langue maternelle était le français. C’était assez évident, avec mon accent. Pourtant, j’avais acquis une bonne maîtrise de l’anglais écrit, et les gens étaient surpris d’apprendre que je n’avais pas grandi dans une réalité bilingue.
Mon ami américain Roger m’avait dit une fois qu’il croyait que j’avais grandi à Montréal en parlant français et anglais. Pourtant, je n’ai pas appris l’anglais avant l’âge de 12 ans, et je ne l’ai parlé avec personne avant l’âge de 21 ans.
Ma famille
Au Québec, on dirait que je suis un Québécois “pure laine,” qui est une expression un peu comique et aucunement chauvine pour décrire un Québécois né au Québec de parents francophones.
Ma mère est née à Shawinigan, qui est une ville dans la région de la Mauricie. Elle a ensuite grandi à Louiseville, où mes grands-parents ont déménagé.
Mon père est né à Montréal et toute sa famille habitait Montréal depuis plusieurs générations. Il a grandi dans le quartier de Tétreaultville, qui est dans l’est de Montréal.
Mon père baragouinait un peu l’anglais pour son travail, car il était dans le domaine de la climatisation, vente et réparation. Il avait sa propre compagnie. Quand j’étais jeune, il nous amenait, moi et mon frère, l’accompagner à des appels de service. Parfois, on allait dans l’ouest de Montréal. J’étais surpris que les gens là-bas ne parlaient pas un mot de français. Mon père se débrouillait comme il pouvait, mais son anglais n’était pas très bon.
Ma mère n’a jamais réussi à apprendre l’anglais. Encore aujourd’hui, elle dit qu’elle va l’apprendre! Elle connait quelques mots, mais ne serait pas capable de comprendre une conversation simple entre deux anglophones.
Je suis né à Montréal, où mes parents ont habité avant que ma mère ne tombe enceinte de moi. Mais rapidement, ils ont décidé de déménager à Repentigny, qui est une banlieue à l’est de Montréal, donc en dehors de l’île.
La vie à Repentigny
Repentigny était une petite banlieue tranquille et un endroit idéal pour une famille. On avait une maison, une cour, un chien. On jouait dans la rue, au parc. On partait en vélo pendant des heures. Il y a une rivière qui longe la ville, la rivière L’Assomption, et il y avait plein d’endroits le long de la rivière où on pouvait aller s’amuser.
À Repentigny, tout le monde était francophone
Durant mon enfance, je ne crois pas avoir une seule fois entendu quelqu’un parler anglais où j’habitais! C’était une banlieue vraiment québécoise. La langue que j’entendais partout était le français québécois. Les films qu’on écoutait étaient doublés en français.
En passant, au Québec on dit souvent: écouter un film, au lieu de regarder un film.
La radio était en français. Les émissions de télé étaient en français. Les livres que je lisais étaient en français.
J’avais des amis dont les parents étaient nés en Grèce. Ils étaient la communauté immigrante la plus importante à Repentigny. Je les entendais parler grec à leurs parents, et je savais qu’ils étaient aussi allés à une école spéciale durant l’été, pour peaufiner leur connaissances dans cette langues. Mais dans ma tête, mes amis grecs étaient aussi québécois que moi, mis à part le fait que la bouffe étaient bien meilleurs, dans leurs partys de famille.
Dans ma famille, il n’y avait qu’un anglophone – mon oncle John, le mari d’une des deux soeurs de ma mère. Mais John parlait couramment le français avec un très léger accent anglais. Les seules fois où je l’entendais parler anglais, c’était quand il parlait à mes cousins, et tout ce que je comprenais c’était quand il disait, come here, Eric!
Il n’y avait que la musique qui était beaucoup en anglais, mais on ne comprenait pas trop les paroles. Je me rappelle qu’on fredonnait la chanson de Michael Jackson, Thriller, en sautant sur le trailer du voisin, car on pensait que la chanson parlait d’un trailer! On devait avoir 5 ou 6 ans.
À l’école primaire, j’avais des cours d’anglais, donc j’ai eu une petite base en arrivant au secondaire, mais ce n’était pas assez pour vraiment bien le parler.
Puis un jour, quand j’avais onze ou douze ans, je suis allé au dépanneur et j’ai vu qu’ils avaient des bandes dessinées américaines, des comic books. J’étais fasciné par les dessins, tellement différents des bandes dessinées françaises comme Tintin ou Astérix. De plus, les comic books américain n’étaient pas reliés, c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas de couverture rigide, contrairement aux bandes dessinées françaises, qui avaient une couverture cartonnée et coûtaient dix fois plus cher.
Le premier comic book que j’ai acheté était un Captain America, que j’ai toujours gardé. Je l’ai lu plusieurs fois sans trop comprendre. J’avais beau chercher tous les mots dans le dictionnaire, mais même après l’avoir lu dix fois, il y avait plein de choses que je ne comprenais pas.
Je me suis donc mis à collectionner des comics books, que j’achetais avec l’argent que je gagnais l’été à travailler pour mon père, dans son atelier de climatisation.
J’en ai lu des centaines, toujours en cherchant les mots nouveaux dans le dictionnaire, et petit à petit, j’ai fini par comprendre et vraiment améliorer mon anglais. J’ai continué à lire en anglais en lisant les livres de Dungeons and Dragons, un jeu de rôle, qui n’étaient pas encore traduit en français. J’étais aussi un grand fan de Stephen King et j’avais lu tous ses romans en traduction française. J’ai essayé d’en lire un en anglais mais j’ai trouvé ça très difficile.
Mon éducation au Collège de l’Assomption
Pour le secondaire, je suis allé à une école privée et catholique, le Collège de l’Assomption, dans la petite ville de L’Assomption, un peu plus au nord-est de Repentigny. L’Assomption, c’était encore plus rural que Repentigny.
Quand je dis que c’était une école privée, c’est que mes parents devaient payer des frais d’inscription supplémentaires, et il fallait aussi passer un examen pour entrer. Au Québec, les écoles sont publiques et gratuites, et les écoles privées sont aussi subventionnées par l’État. Mais il y a des frais supplémentaires, qui sont tout de même bien moindres que dans des écoles privées aux États-Unis.
Je pense que l’éducation que j’ai reçue là-bas était très bonne, car j’ai aussi pu la comparer avec une école publique où je suis allé brièvement.
Ce que j’ai aimé est qu’on avait des périodes de lecture où tout le monde lisait dans une grande salle, sous la surveillance de gardiens qui se promenaient et s’assuraient qu’on ne fasse pas autre chose, comme par exemple dessiner. Mais on pouvait lire vraiment tout ce que l’on voulait.
Donc au secondaire, je suis devenu un grand lecteur
J’ai lu tous les livres de Stephen King en français, et je l’aimais tellement que je lisais les mêmes livres plusieurs fois. J’ai aussi lu d’autres romans de littérature fantastique, comme Edgar Allen Poe, HP Lovecraft, Clive Barker, et d’autres auteurs anglophones traduits en français.
Ensuite, je me suis mis à lire des livres plus classiques et littéraires, comme Albert Camus. Mais mon auteur préféré à cette époque était Milan Kundera. Encore aujourd’hui, je recommande ses romans à mes élèves.