L’essentiel de la culture québécoise
Essential books, movies and series to understand Quebec's culture
L’essentiel de la culture québécoise
Souvent, les gens qui découvrent mes articles et mes vidéos me disent qu’ils veulent apprendre le français tel qu’il est parlé au Québec, ainsi que la culture québécoise.
Mais qu’est-ce que c’est au juste la culture québécoise?
Nous habitons dans un monde qui a de moins en moins de culture commune. Les géants du Web comme Meta et Netflix dirigent la culture populaire. Ils abreuvent la planète en entier du même contenu.
Mais malgré ces forces, il existe tout de même une culture commune composée de:
Références culturelles
Expressions
Imaginaire commun
Une histoire qui façonne notre réalité d’aujourd’hui
D’oeuvres qui ont marqué les gens
Certaines personnes connaissent moins bien leur propre culture et leur histoire. Mais elles en sont tout de même le produit. Une personne moins cultivée va quand même:
Utiliser et comprendre certaines expressions, sans nécessairement savoir d’où elles viennent.
Vivre dans une société avec certaines règles, sans toujours savoir pourquoi elles existent.
Reconnaître certaines références culturelles, sans avoir beaucoup lu.
Bref, là où je veux en venir, c’est que même si une Québécoise n’a pas lu tous les livres ou vu tous les films que je vais vous présenter, elle saisit de façon indirecte plusieurs éléments de la culture québécoise, certains venant directement de ces oeuvres.
Donc je vous propose d’aller à la source de la culture québécoise avec neuf oeuvres qui sont selon moi essentielles! (J’en ai presque fait dix mais cet article commençait à être assez long! Et avec ces neuf oeuvres, je suis content).
Le cinéma
Incendies – Denis Villeneuve, 2010
Mommy – Xavier Dolan, 2014
Le déclin de l’empire américain
Les invasions barbares
Elvis Gratton
C.R.A.Z.Y.
La guerre des tuques
Le déclin de l’empire américain
de Denys Arcand (1986)
Ce film a certainement marqué le Québec. Certaines scènes sont restées « classiques » et le film prépare le terrain pour Les invasions barbares, qui gagnera l’Oscar du meilleur film en 2004.
Si toutes les oeuvres que je vous ai présentées jusqu’à maintenant parlent du Québec pauvre et rural, ce film présente une toute nouvelle réalité: la bourgeoisie intellectuelle québécoise.
J’aurais pu parler d’autres films de Denys Arcand, mais je trouve que le Déclin nous en apprend beaucoup plus que ses autres films sur la société québécoise.
Elvis Gratton : le King des Kings
de Pierre Falardeau (1985)
Soyons clairs, ce film est assez mauvais!
Mon frère l’a revu récemment et il m’a dit: c’est moins bon que dans mes souvenirs!
Mais je l’ai choisi quand même car c’est une pierre angulaire de la culture québécoise. Tout le monde connait le personnage de Elvis Gratton. Et les Québécois aiment citer ce film.
En fait, au-delà de la très mauvaise comédie, Pierre Falardeau critique la société québécoise et dénonce la mentalité de « colons » que nous sommes devenus au travers de notre américanisation et de la société de consommation.
Bref, Elvis Gratton est l’incarnation de ce qu’il y a de pire chez les Québécois… vu par un Québécois! C’est pour cela qu’il faut l’avoir vu une fois dans sa vie!
C.R.A.Z.Y.
de Jean-Marc Vallée (2005)
C’est un grand film qui a été encensé par la critique et adoré des Québécois. Je l’ai choisi parce qu’il présente encore une fois une autre facette de l’histoire québécoise: les années 70 et 80, et la vie d’une petite famille montréalaise, plutôt prospère mais dont on sent les racines roturières. C’est surtout l’histoire de Zachary, qui a la tâche impossible de comprendre et exprimer sa sexualité dans un monde et une famille très machiste.
La guerre des tuques
d’André Mélançon (1984)
J’avoue que ça fait longtemps que je n’ai pas vu La guerre des tuques, mais c’est de loin le film qui m’a le plus marqué dans mon enfance.
C’est une histoire de bataille hivernale de proportions épique, et on peut dire que ce film a marqué toute une génération. On en a même fait une nouvelle version il y a quelques années. Il faut avoir vu La guerre des tuques pour comprendre l’imaginaire de l’hiver au Québec!
Littérature
L’Avalée des avalés – Réjean Ducharme, 1966
Volkswagen Blues – Jacques Poulin, 1984
Kukum – Michel Jean, 2019
Chroniques du Plateau-Mont-Royal
De Michel Tremblay
Il fallait commencer avec Michel Tremblay, qui à mon avis est le plus grand écrivain québécois encore vivant. Selon l’auteur Eric Simard:
Tremblay est le premier à avoir donné la parole aux gens de la rue (surtout aux femmes) en la transposant à l’écrit, et cette série est une sorte d’hommage à ces gens-là qui ont forgé l’identité propre à Montréal et à son Plateau.
J’aurais pu commencer par la fameuse pièce de théâtre Les belles-soeurs. Mais je crois que son oeuvre principale est une série de romans qui s’appelle les Chroniques du Plateau Mont-Royal. On n’est pas obligé de les lire en ordre chronologique.
Cet univers vous fera découvrir le Québec d’une autre époque, un Québec qui n’existe plus, mais dont l’imaginaire nous habite tous.
Cette série comprend six romans
• La grosse femme d'à côté est enceinte (1978)
• Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges (1980)
• La Duchesse et le Roturier (1982)
• Des nouvelles d'Édouard (1984)
• Le Premier Quartier de la lune (1989)
• Un objet de beauté (1997)
Je trouve que Des nouvelles d’Édouard est un bon roman pour commencer.
Bonheur d’occasion
de Gabrielle Roy
C’est un roman essentiel de la culture québécoise que j’ai fait lire à plusieurs de mes élèves. Je l’ai moi-même lu deux fois! Il décrit la vie assez misérable d’une famille nombreuse habitant le quartier St-Henri dans les années de la Deuxième Guerre mondiale. Autrefois, ce quartier était très ouvrier et pauvre, et aujourd’hui, il s’est beaucoup embourgeoisé. Selon Gérard Bouchard, historien et sociologue
Pour la première fois au Québec, l’action d’un roman était campée dans la ville. Les lecteurs découvraient un genre de vie aux antipodes de la ruralité, en même temps que le visage jusque-là peu visible d’une société colonisée. Tout cela sous la plume d’une romancière de talent, qui a su rendre la vérité émouvante des situations et des personnages.
Ce roman est un peu plus facile à lire que ceux de Michel Tremblay, donc je commencerais peut-être par là!
Maria Chapdelaine
De Louis Hémon
J’ai parlé de ce livre il y a quelques semaines. Bonheur d’occasion et l’oeuvre de Tremblay vous fera découvrir le Québec des années 40, 50, 60 et 70. Mais pour aller aux sources, au début du siècle passé, il faut lire Maria Chapdelaine, un incontournable! J’ai écrit que ce livre:
Il décrit la réalité de la vie rurale au Québec dans au début du 20ème siècle. Le roman a été écrit en 1913.
Il a la particularité d’avoir été écrit par un Français qui a visité le Canada et a observé les moeurs et les coutumes locales.
Il existe aussi plusieurs adaptations cinématographiques, dont une très récente.
C’est un grand classique de la littérature du terroir, c’est-à-dire qui décrit la vie rurale.
Il est relativement facile à lire.
Ru
de Kim Thúy
J’ai choisi ce livre parce qu’on vient de l’adapter au cinéma, mais aussi parce qu’il raconte une tout autre réalité québécoise: l’arrivée au Québec de la diaspora vietnamienne fuyant la dictature communiste.
La communauté vietnamienne est bien présente au Québec, et beaucoup trop souvent on ne la saisit pas très bien. Ce livre raconte l’histoire d’une de ces boat people qui quitte un enfer tropical pour s’installer dans une petite communauté québécoise, et toute l’adaptation qui s’en suit. Une belle plume et avec ses 152 pages, on peut le lire rapidement.
L’homme rapaillé
de Gaston Miron
C’est le plus beau recueil de poésie québécois, qui a été adapté et traduit dans de nombreuses langues et représente en quelque sorte l’âme québécoise.
Quand j’étais jeune, le seul poète québécois que je connaissais était Émile Nelligan. Nelligan est très connu, mais ses poèmes sont plutôt d’inspiration européenne, dans le style de Rimbaud et des autres poètes français maudits.
Miron est devenu le vrai poète national. Je n’arriverai pas à vous convaincre de lire ce merveilleux recueil sans vous en citer un poème, qui fut mon coup de foudre pour Gaston Miron.
Je t’écris (I)
Je t’écris pour te dire que je t’aime
que mon cœur qui voyage tous les jours
— le cœur parti dans la dernière neige
le cœur parti dans les yeux qui passent
le cœur parti dans les ciels d’hypnose —
revient le soir comme une bête atteinte
Qu’es-tu devenue toi mon amour comme hier
moi j’ai noir éclaté dans la tête
j’ai froid dans la main
j’ai l’ennui comme un disque rengaine
j’ai peur d’aller seul de disparaître demain
sans ta vague à mon corps
sans ta voix de mousse humide
c’est ma vie que j’ai mal et ton absence
Le temps saigne.
quand donc aurai-je de tes nouvelles
Je t’écris pour te dire que je t’aime
que tout finira dans tes bras amarré
que je t’attends dans la saison de nous deux
qu’un jour mon cœur s’est perdu dans sa peine
que sans toi il ne reviendra plus
La musique
’Heptade – Harmonium, 1976
Jaune – Jean-Pierre Ferland, 1970
Tu m’aimes-tu - Richard Desjardins (1990)
Le Dôme – Jean Leloup (1996)
Rêver mieux - Daniel Bélanger (2001)
Break syndical – Les Cowboys Fringants, 2002
Gros mammouth album turbo - Les trois accords (2004)
Coeur de pirate - Coeur de Pirate (2008)
Les Chemins de verre – Karkwa, 2010
Une année record - Loud (2017)
Séries télé : repères incontournables
La Petite Vie (1993-98 & 2023)
District 31 (2016-22)
19-2 (2011-15)
Les Invincibles (2005-09)
M’entends-tu ?
C’est comme ça que je t’aime




