This is probably the last installment of a my series of articles on language learning. Practice your French by reading this article. To get access to our live classes, members-only video and audio podcast, exclusive content for members, our Club de lecture and more, just upgrade your subscription and you’ll join the greatest Quebec French community online.
Cours de la semaine
Voici tous les cours que nous avons enregistrés cette semaine! Nos membres peuvent y assister en direct, les regarder les vidéos avec les sous-titres, ou même seulement écouter l’audio comme podcast dans leur application préférée (Substack, Apple, Spotify, etc.)
Mon hobby merveilleux
Le mois dernier, il m’est arrivé une aventure extraordinaire où j’ai enfin compris l’importance de savoir parler plusieurs langues.
J’ai dû me rendre à l’hôpital pour un bilan de santé annuel, ce qui n’est pas ma façon préférée de passer un mercredi après-midi. Mais il faut le faire, et comme on dit, mieux vaut prévenir que guérir.
Bref, j’étais dans le bureau de ma médecin de famille, attendant qu’elle revienne après avoir été appelée dans le corridor par une infirmière. Je me morfondais ainsi, me demandant combien de temps cette attente allait durer, quand soudainement, je l’entends crier mon nom.
— Monsieur Patenaude! Excusez-moi du retard… enfin, désolée de l’attente. Ce qui se passe est un peu inhabituel. Je me rappelle que… bon, la question va paraître étrange, mais vous parlez plusieurs langues, n’est-ce pas?
— Je me débrouille dans plusieurs langues, ai-je répondu avec une fausse modestie.
— Vous ne parleriez pas allemand par hasard?
— Oui, oui, mais qu’est-ce qui se passe au juste?
— C’est qu’on a un problème à la salle de triage. Des touristes ont été impliqués dans un accident de la route. Il y a plusieurs blessés, dont deux avec des traumatismes sérieux. Nous devons rapidement recueillir des informations essentielles, notamment d’éventuelles allergies aux médicaments, avant d’administrer des traitements d’urgence.
— Bien sûr!
Je l’ai suivie à travers les couloirs jusqu’à la salle de triage, où le chaos total régnait. Une équipe médicale s’affairait autour de plusieurs patients. L’un des blessés, un homme d’une cinquantaine d’années, était allongé sur un brancard, le visage en sang et le bras immobilisé dans une attelle. Il était agité et tentait de parler, mais les soignants ne comprenaient absolument rien de ce qu’il disait.
— Herr… sprechen Sie Deutsch? ai-je demandé doucement.
Il a levé les yeux vers moi, l’air soulagé, et a répondu dans un souffle :
— Ja… endlich… (oui, enfin)
L’infirmière à côté de moi tenait une seringue remplie d’un anti-inflammatoire injectable.
— Demandez-lui s’il a des allergies médicamenteuses, a murmuré l’urgentiste.
— Sind Sie allergisch gegen bestimmte Medikamente?
L’homme a hoché la tête frénétiquement, tentant de formuler une réponse malgré la douleur insupportable qui déformait son expression faciale en rictus effrayant.
— Ja… Penicillin! Ich… hatte mal eine schwere Reaktion…
— Il est gravement allergique à la pénicilline! me suis-je exclamé en me retournant vers l’équipe.
Le médecin a immédiatement interrompu la préparation de l’injection.
— On allait lui administrer une céphalosporine… C’est un antibiotique de la même famille que la pénicilline. Il aurait pu faire un choc anaphylactique, a-t-il soufflé.
J’ai senti un frisson me parcourir. Quelques secondes de plus et la situation aurait pu virer au drame.
Grâce à cette intervention inopinée, le patient a pu recevoir un traitement sans danger.
Plus tard, le médecin m’a remercié longuement.
Ce jour-là, j’ai réalisé que parler plusieurs langues, ce n’était pas seulement utile en voyage… Ça pouvait aussi sauver des vies.
Mon hobby inutile
L’histoire que je viens de vous raconter est, bien entendu, entièrement fausse.
Bien qu’étant un ramassis de foutaise, elle représente quand même le fantasme de tous les polyglottes.
Oh mon Dieu, faites qu’un jour toutes ces langues que j’ai passé tant d’années à apprendre me servent enfin à quelque chose! Faites qu’on puisse au moins une fois dans ma vie… m’admirer!
La vérité est que ce genre de situation n’arrive que dans Dr. House (et probablement seulement en espagnol).
La fait est que la plupart des langues que j’ai apprises ne m’ont servi à strictement rien de concrètement utile dans ma vie.
Oui, je les ai parlées en voyage. Mais c’était généralement des voyages que j’avais faits dans le but exprès de pratiquer ces langues!
Il m’arrive de temps en temps de croiser des gens par hasard qui parlent italien ou allemand. Et il m’est arrivé d’impressionner des amis ou de la famille en entamant des conversations spontanées dans ces langues.
Mais si je vous avais dit que j’ai passé des milliers d’heures à étudier ces langues dans le but de les pratiquer une fois par année avec des touristes perdus, vous auriez dit que j’étais fou.
Il faut plus que ça. Il faut beaucoup plus que ça…
Avant de répondre à la question, “kossé ça donne apprendre des langues,” j’aimerais vous raconter…
Mon histoire super plate de comment j’ai appris plein de langues et que tout le monde s’en fout 🤓
Oui, je dis que c’est une histoire super plate, à part peut-être pour d’autres cinglés comme vous qui s’intéressent à ce sujet.
La vérité est que tout le monde se fout de comment telle ou telle personne a appris telle ou telle chose extrêmement difficile...
La vérité est ennuyante.
Si l’on vous demande comment vous avez appris le français, mentez!
Dites que vous avez passé trois semaines au Québec et que vous êtes revenu bilingue. Et si on ne vous croit pas, rajoutez que vous avez beaucoup regardé d’épisodes de “Emily in Paris!” Voilà qui impressionnera vos amis plus que de dire que vous suivez des cours plusieurs heures par semaine depuis quinze ans!
L’anglais et les comic books
Le Québec où j’ai grandi était extrêmement francophone.
Je ne suis pas allé à une école bilingue et je n’avais pas d’amis anglophones. Et contrairement aux jeunes d’aujourd’hui, je n’ai pas appris l’anglais en regardant des séries ou en jouant à des jeux vidéos.
La seule “série” en anglais qu’on avait, c’était Seinfeld, et à 10 ans, on ne peut pas comprendre Seinfeld, même si on parle anglais.
Les jeux vidéos, c’était Zelda sur un vieux Nintendo. Bonne chance pour apprendre l’anglais avec ça!
Tous les films américains qu’on regardait étaient doublés en français.
À l'école, j'ai appris les bases de la langue anglaise, mais pas suffisamment pour comprendre un film.
Ce qui fait qu’à l’âge de douze ans, je ne parlais toujours pas l’anglais.
Mais un beau jour, je suis allé au dépanneur Perrette pour voir les bandes dessinées
Les bandes dessinées que je lisais habituellement jusqu'alors provenaient de France. Ce jour-là, j'ai trouvé un comic book en anglais. Il s'agissait de Captain America de Marvel. Je l'ai acheté immédiatement.
De retour à la maison, je me suis immédiatement plongée dans la lecture.
Mais pour le lire, j'avais besoin d'un bon dictionnaire.
Au début, je n'ai pas compris grand-chose parce qu'il y avait trop de nouveaux mots, d'expressions et de règles de grammaire inconnues. Mais chaque jour, je lisais davantage et dès que je finissais un comic book, je commençais immédiatement à en lire un autre.
En quelques années, j'ai lu plus de 900 de ces comic books.
Ce n'était pas de la grande littérature, mais grâce à cette activité, j'ai appris les bases de la langue anglaise.
Par la suite, j'ai lu beaucoup plus en anglais, jusqu'à être capable de lire des livres et des romans entiers.
Ce qui fait qu’à la fin du secondaire, je parlais mieux l’anglais que tous mes amis. On m’a même mis dans une classe spéciale pour les élèves bilingues! (Où l’on ne foutait pas grand-chose, par ailleurs).
Il sole mio

Vers l'âge de 15 ans, j'ai décidé d'apprendre l'italien.
J'avais trouvé dans notre sous-sol une méthode française pour apprendre l'italien, empilée parmi des livres poussiéreux que mes parents avaient reçus d'une amie.
Cette méthode était l’Italien sans peine, d’Assimil. Et dans la première leçon, il y avait la chanson Il sole mio! (Depuis, j’ai appris que la chanson originale est en napolitain, pas en italien.)
Il sole mio
Che bella cosa è una giornata di sole!
L'aria serena dopo una tempesta
Nell'aria fresca sembra già una festa.
Che bella cosa è una giornata di sole!
Je n'avais pas l'intention d'apprendre une troisième langue, mais à travers l’odeur de la moisissure, j’ai cru sentir les parfums des citrons de la côte amalfitaine. C’était exotique.
Je n'ai pas pu m'empêcher d'ouvrir ce livre et d'essayer d'apprendre l'italien.
Je n'avais pas de cassettes, pas de livre de grammaire, pas de films, pas de professeur et pas d'amis avec lesquels j’aurais pu pratiquer l’italien.
Je n'avais que ce vieux livre poussiéreux!
Selon la méthode Assimil, je devais pratiquer une nouvelle leçon chaque jour.
Il y avait un petit texte en italien et sur l'autre page, la traduction en français, avec des notes sur la grammaire et la prononciation. Je lisais chaque phrase à haute voix et clairement, en essayant de la comprendre en même temps.
Au bout de six mois, je n'ai jamais eu l'occasion de parler italien avec qui que ce soit. Néanmoins, j'ai fait des progrès. Et cette expérience m’a été utile lorsque je j’ai décidé d'étudier ma prochaine langue, quelques années plus tard.
La casa de los espíritus
À 23 ans, je suis revenu au bercail, après avoir passé près de trois ans en Californie.
J’ai commencé à sortir avec une fille qui m’a dit qu’elle était en train d’apprendre l'espagnol.
Je me suis dit que ça serait vraiment cool de l’apprendre aussi!
Et le pire c’est que je n’essayais même pas de l’impressionner.
Elle a tout simplement réveillé mon intérêt oublié pour les langues, après ces années à parler American.
D’ailleurs, deux ou trois mois plus tard, nous ne sortions déjà plus ensemble, et je continuais d’apprendre l’espagnol.
Je me suis tapé les deux méthodes d’Assimil (L’espagnol sans peine et le Perfectionnement espagnol, les deux avec un accent castellano de l’Espagne).
Ensuite, je me suis mis à lire voracement des romans en espagnol. Après environ six mois, j’avais déjà lu La casa de los espíritus d’Isabel Allende et les romans les plus connus de Gabriel García Márquez.
Est-ce que ces livres étaient de mon niveau? Non, et j’en perdais d’ailleurs des bouts. Mais l’important est que je les ai lus.
Durant cette période, j’ai fait quelques voyages en Espagne pour mon travail et je suis allé au Costa Rica pour la première fois. J’ai pu mettre à profit tout ce que j’avais appris, sûrement avec un drôle d’accent composite, un mélange entre le castillan et de la prononciation de l’Amérique latine.
Run, Lola, Run
Après avoir “appris” l’espagnol, j’avais définitivement eu la piqûre pour les langues. Ce n’était plus rationnel.
L’élément déclencheur pour l’allemand a été le film Run, Lola, Run, qui est sorti dans ces années-là.
Je l’ai vu avec des sous-titres, et je me suis dit:
— Wow, quelle langue cool! Ça serait donc ben cool de parler allemand! Pourquoi pas investir des milliers d’heures de mon temps dans ce projet, plutôt que de faire autre chose de mon temps!
Bref, je suis parti sur un coup de tête, et sans aucune raison logique, j’ai commencé à apprendre l’allemand.
J’ai répété la formule gagnante
J’ai fait les cours d’Assimil
J’ai aussi suivi des cours en personne à l’Institut Goethe, à Montréal
Je lisais beaucoup en allemand, au moins 2 à 3 heures par jour. C'était difficile au début, mais avec le temps, j'ai pu lire le premier volume de Harry Potter en allemand
L’allemand était beaucoup plus difficile que l’espagnol, alors je redoublais d’efforts!
J'ai fini par suivre un cours d'immersion en Allemagne un an et demi plus tard. Je le parlais aussi durant ces années-là grâce à des contacts que j’avais à travers mon travail, qui m’ont permis de retourner quelques fois en Allemagne.
Obrigado, Caetano
Toujours dans la vingtaine, j’ai continué mon trip de langues en essayant d’apprendre le mandarin, le néerlandais, le danois et le grec.
Je ne parle aucune de ces langues aujourd’hui, mais à l'époque, j'en ai appris un peu pour satisfaire ma curiosité. J’ai ensuite décidé de ne pas continuer.
Le plus loin que je me suis rendu dans une de ces langues secondaires c’est avec le russe. J’en ai fait pendant six mois. Cette fois-là, c’était vraiment pour impressionner une fille. (Finalement, ça n’a pas fonctionné!)
La dernière langue que j’ai donc vraiment apprise était le portugais brésilien
Pour décider de l’apprendre, il m’a fallu un déclic.
J’ai vu à la télévision le chanteur brésilien Caetano Veloso interpréter une de ses chansons.
Ma première réaction a été…
— Mais c’est quoi cette langue-là? C’est donc ben beau!
Je savais que ce n’était pas de l’italien. Ni de l’espagnol. J’ai appris que c’était du portugais… brésilien, par-dessus le marché.
Vous pouvez vous imaginer le reste… j’ai décidé d’apprendre le portugais brésilien! Avec la méthode Assimil, bien entendu, mais aussi avec un prof privé, un sympathique Walter (prononcé: Oua-ou-ter).
J’ai continué un bon bout de temps à apprendre le portugais, ce qui a culminé en décembre 2004 (j’avais alors 28 ans) par un voyage d’un mois au Brésil.
Le reste de mon histoire plate de gars qui apprend plein de langues que je ne vais pas vous raconter car elle n’a ni queue ni tête
Il y a plein de choses que je pourrais vous raconter, mais je ne vais pas le faire, car au fond, on s’en fout un peu de ces histoires de polyglottes.
Mais bon, je vais vous en raconter un peu, pour que vous compreniez comment j’en suis venu à lancer French With Frederic.
C’est vraiment dans la vingtaine que j’ai fait le gros de mon apprentissage. Mais c’était assez désordonné et à la fin de cette période, je ne parlais pas l’italien, et mon allemand n’était pas aussi avancé que je le croyais.
À partir de la trentaine, mon espagnol a été renforcé par le temps que j'ai passé au Costa Rica.
Mon anglais s'est nettement amélioré après trois ans de mariage et le temps passé avec mon ex-femme, qui est née à Calgary.
Mon mariage s'est terminé en 2012 et j'ai ensuite déménagé à Montréal.
J’avais complètement délaissé le portugais après mon voyage au Brésil en 2004.
À l'été 2017, j'ai décidé qu'il était temps de relancer pleinement mon allemand. Et c'est à ce moment-là que ma passion pour l'apprentissage des langues s'est à nouveau ravivée.
Comme méthode, j’ai suivi un nombre excessif de cours particuliers, j’ai lu comme un déchainé et j’ai suivi tous les cours avancés de l’Institut Goethe.
Ensuite, je me suis décidé à finalement apprendre l’italien et j’ai même fait un programme en Études italiennes à l’Université de Montréal.
J’ai tellement mis de temps à bien apprendre l’italien et à améliorer mon allemand, que je n’arrivais plus à parler espagnol!
Je me suis remis à l’espagnol après avoir rencontré ma blonde, qui est colombienne.
Et la cerise sur le Sunday: je me suis remis au portugais, en décidant d’apprendre le portugais européen (encore une fois, pour le fun et parce que je trouvais ça cool), au risque de me faire lyncher par les Brésiliens qui sont membres de French With Frederic.
Un hobby merveilleux
Comme je l’ai dit au début, ce n’est pas logique de vouloir apprendre plein de langues et d’essayer de vraiment les maîtriser. En apprendre une ou deux, je veux bien. Si l’on va plus loin que ça, c’est par passion ou par folie!
Le fait est que les langues étrangères ne sont pas toujours utiles d’un point de vue strictement logique.
Mais c’est quelque chose qu’on peut faire qui peut enrichir notre vie. C’est un plus.
On peut très bien décider d’apprendre une langue, et ensuite trouver ce qu’on va en faire!
Mais ne demandez pas comment, je cherche toujours une façon d’utiliser mes talents de traduction allemand-italien. Qui sait, peut-être qu’un jour l’occasion se présentera!
Tu es tellement drôle, Fred! Merci de partager tes expériences personnelles. Je suis sur qu'elles contribuent à ton excellence comme prof, alors elles sont très utiles.
J'ai vraiment apprecié tes articles sur l'apprentissage des langues.
Merci, Frederic. Tes articles me font me sentir un peu moins fou.