I’m continuing a new series of articles on language learning. They are in French, so you can practice!
To get access to our live classes, members-only video and audio podcast, exclusive content for members, our Book and Movie Club and more, just upgrade your subscription and you’ll join the greatest online Quebec French community!
Parce que cet article est plus long, je vais envoyer le résumé de la semaine demain.
Le pionnier du mouvement polyglotte
Aujourd’hui, il existe sur Internet une véritable communauté de polyglottes. Il s’agit de chaines YouTube, de forums de discussion et de divers réseaux sociaux où les polyglottes de tout acabit se rencontrent pour échanger des trucs sur l’apprentissage des langues.
On pourrait penser que c’est une communauté plutôt marginale, mais les chiffres nous montrent qu’il y a beaucoup d’intérêt pour le sujet
La chaine de Steve Kaufmann a 1.26 millions d’abonnés
Celle d’Oriental Pearl, à peu près le même nombre
Celle de Language Simp, plus de 1.55 millions.
J’ai commencé à apprendre des langues bien avant que toutes ces chaines n’existent. En fait, bien avant que YouTube n’existe.
C’est entre 2000 et 2004 que j’ai mis le plus d’efforts pour apprendre des langues, en commençant par l’espagnol, ensuite l’allemand, le portugais, et plusieurs autres langues.
À l’époque, il y avait des cours et du matériel pour apprendre une langue en particulier, mais très peu d’information sur comment apprendre des langues en général.
Mais il y avait un livre, le seul que j’ai pu trouver sur le sujet, par un journaliste américain, Barry Farber.
Son livre, How to learn any language, était pour moi la bible sur l’apprentissage des langues.
Barry Farber parlait 26 langues, dont une bonne douzaine couramment. Il a commencé très jeune et disait souvent que les langues étaient son seul hobby.
Dans la ville de New York, il avait fondé un Club de langues où des gens se réunissaient pour pratiquer plusieurs langues en même temps! On allait jaser à la table du français, celle du russe, de l’allemand, et ainsi de suite! On pouvait changer de table plusieurs fois dans la soirée.
Il est décédé en 2020 à l’âge de 90 ans.
En 2006, j'ai réussi à joindre Barry Farber au téléphone pour une interview.
À l’époque, je travaillais pour un blogue et j’avais publié un article sur lui. Le blogue était en anglais et j’avais fait l’interview en anglais, mais ça n’a pas empêché Barry Farber de me parler un peu en français.
Voici, en grande primeur, une traduction de l’interview que j’ai faite il y a près de 20 ans avec ce polyglotte remarquable, qui devrait être reconnu aujourd’hui comme un pionnier de la communauté des amoureux des langues.
Interview avec Barry Farber
Frederic: Combien de langues parlez-vous?
Au Club de langues, nous indiquons toujours aux participants qu’il est dangereux de répondre à cette question par un chiffre supérieur à un. Pour répondre à cette question, nous disons plutôt: “Je parle une seule langue, la mienne.”
Vous faites alors une pause respectueuse et ensuite vous dites: “Cependant, j’étudie...” et vous pouvez citer autant de langues que vous le souhaitez.
Pour ma part, j’étudie environ 26 langues. Mais ce n’est pas du tout la même chose que de dire “Je parle 26 langues.”
Je les divise en deux catégories.
Il y a des langues que je fréquente et d'autres que j’épouse.
Quelle est la différence?
Lorsque vous épousez une langue, vous apprenez la grammaire; vous apprenez à lire, à écrire, vous faites vos devoirs.
Quand on sort avec une langue, on apprend entre 50 et 500 phrases, mais on n’entre pas dans les détails de la grammaire ou de l’orthographe, ou l’alphabet de langues comme le bengali ou l'hindi. On s’amuse juste avec les phrases.
C’est une longue réponse à votre question, mais c’est une réponse complète.
Et si on vous posait la même question, mais pas au Club de langues, répondriez-vous de la même manière?
Bien sûr.
Lorsque quelqu’un me demande combien de langues je parle, je lui donne exactement la même réponse que celle que je vous ai donnée. Je ne revendique aucune autre langue que l’anglais.
Je parle d’autres langues à des degrés divers. Mais ce n’est pas comme un traducteur professionnel qui doit répondre “Je peux travailler dans ces cinq langues.”
Trouvez-vous très rare qu'un Américain s'intéresse aux langues étrangères?
C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons créé le Club de langues, pour essayer de susciter davantage d’intérêt parmi les Américains, car l’intérêt pour les langues étrangères est quasiment nul en Amérique, parce que nous sommes un grand pays, que tout le monde parle anglais et qu’au Canada, la langue prédominante est l’anglais. Et l’anglais est la langue internationale de facto du monde.
Comment avez-vous commencé à apprendre les langues?
Tout simplement, parce que j’ai toujours aimé l’idée. J’étais très enthousiaste lorsque j’ai commencé à étudier le latin à l’école primaire.
En 9e année, à l’âge de 15 ans, c’était la seule langue étrangère proposée.
Et j’étais là, le premier jour de classe, et j’avais hâte. Il n’y avait que des mots de vocabulaire!
Et j’étais un génie! J’ai tout gobé!
Le deuxième jour, le troisième jour, j’étais le meilleur de la classe.
Mais le quatrième jour, j’ai manqué le cours.
Le quatrième jour, ils ont commencé à étudier la grammaire. Je parle de la déclinaison des noms: nominatif, génitif, datif, accusatif.
Je suis revenu le cinquième jour et je ne savais pas de quoi ils parlaient!
J’étais déçu. Je pensais qu'il s’agissait d'un cours de mathématiques. Ça n’avait pas l’air passionnant et je pensais que cela se calmerait et que nous reviendrions aux mots. J’étais ce qu'on appelle linguistiquement naïf. Je pensais que nous avions un mot et que si nous apprenions leur mot pour notre mot, alors c'était comme ça qu’on apprenait la langue. C’est faux.
La grammaire existe. Et les expressions idiomatiques existent.
Je pensais qu’ils allaient abandonner le nominatif-accusatif et la première personne du singulier (amo, ama). Je pensais qu’il s’agissait d’un exercice sur lequel le conseil d'administration de l'école avait insisté, juste pour rendre l’enseignement ennuyeux, comme ils aimaient le faire.
Mais ça a empiré, et empiré, et empiré! Et j'ai empiré et empiré et empiré...
J’ai réussi à m’en sortir avec ce qu’on appelle un "D", c’est-à-dire une coche au-dessus de l’échec. La seule raison pour laquelle je n’ai pas échoué est que j’ai toujours eu d’excellents résultats dans la partie vocabulaire du test. Et avec suffisamment de bonnes réponses, j’ai réussi à passer… de justesse.
À la fin de l'année, ils m’ont expliqué que je n’avais pas assez bien réussi en latin pour continuer avec cette matière une deuxième année. Et il fallait deux ans de latin avant de pouvoir prendre l'une des deux autres langues proposées, à savoir l'espagnol et le français.
Cet été-là, je suis allé dans une librairie de ma ville natale de Greensborough, en Caroline du Nord, et il y avait un livre intitulé Hugo's Italian Simplified. Je l’ai ouvert et je croyais rêver!
L’italien, c'était du latin avec toutes les difficultés en moins. Comme on retire les arêtes d'un poisson, l’italien était du latin avec la grammaire en moins.
Il n’y avait pas de déclinaisons en italien!
J’ai suivi ce cours comme un couteau chaud dans du beurre. Puis j’ai pris un livre d’espagnol et j’ai fait la même chose, et un livre de français et j’ai fait la même chose.
Ensuite, je suis allée revoir la professeur de langues — il y avait une professeure qui enseignait l’espagnol et le français – et j’ai dit : “Écoutez, madame..., je ne suis pas autorisé à suivre un cours de langue, mais je suis très intéressé. J’ai eu de mauvais résultats en latin, je n’ai jamais compris la grammaire, mais j’ai étudié l'espagnol et le français. Vous pouvez me faire passer un test et si vous aimez mes résultats, vous pouvez aller voir le directeur de l’école et lui demander de faire une exception et de me laisser suivre un cours de langue, même si j’ai eu de mauvais résultats en latin.
Elle n’aurait pas dû le faire parce que c’était contraire aux règles, mais personne d’autre n’avait jamais rien fait de tel. J’étais la seule personne à avoir montré un réel intérêt pour les langues! (Vous comprenez alors pourquoi les Américains ignorent tout des langues étrangères).
Elle m’a fait passer un test et j’étais très très bon. Elle m’a dit : “Ok Barry, tu veux suivre un cours d’espagnol ou français ?” Et j'ai répondu : “Mme Mitchel, laissez-moi faire les deux!”
Alors que je n’étais même pas censé suivre la deuxième année de latin à cause de mes mauvaises notes, elle m’a laissé prendre l’espagnol et le français. C'est ainsi que tout a commencé.
Et depuis?
Je me suis diversifié. Lorsque je suis entré dans l'armée en 1952, à l'âge de 22 ans, j’ai passé des tests dans 14 langues différentes. Je n’ai pas obtenu les meilleures notes dans toutes les catégories (lecture, écriture, etc.) dans toutes ces langues, mais j’ai été suffisamment bon pour être classé interprète, et j’ai passé la guerre de Corée à traduire le russe.
C’était quelque chose de très passionnant. Je pensais que tout le monde s’intéressait aux langues étrangères. Il m’a fallu beaucoup de temps pour réaliser que personne ne s’intéressait aux langues étrangères! C’est juste une chose unique qui m’a frappé. Comme la musique a frappé Mozart ou les échecs Kasparov, les langues m’ont frappé.
Avec ça, vous auriez pu être agent secret?
Non, parce que je ne parle aucune autre langue suffisamment bien pour passer pour un natif. Parfois, je peux presque passer pour un natif, comme avec le norvégien, le serbo-croate ou le néerlandais. Je rencontre parfois des gens qui me disent: “Depuis quand êtes-vous ici?”
Ce qui est un grand compliment, vous savez, ils pensent que je suis né ici et que j'ai peut-être un peu perdu la langue, mais ils pensent que je la parle beaucoup mieux que je ne la parle en réalité. C’est impossible à maintenir. J’ai travaillé avec des langues étrangères dans l’armée, mais pas en tant qu'agent secret...
Par agent secret, on entend quelqu’un qui se rend dans un pays étranger en prétendant qu’il est allemand ou russe. Pour cela, il faut une connaissance totale de la langue. On n’y arrive jamais.
La formation de linguistes en arabe fait actuellement l’objet d'un grand débat aux États-Unis. Je ne pense pas qu’ils réalisent que tout ce qu’ils peuvent espérer, c’est de pouvoir former des Américains compétents à la traduction de documents en arabe. C’est le mieux que l’on puisse espérer.
On ne peut pas leur demander d’infiltrer des groupes terroristes. La seule façon d’y parvenir est de faire appel à des locuteurs natifs et, au lieu de dépenser de l’argent pour la formation, de le consacrer à la sécurité et de s’assurer qu’ils sont nos amis.
Passer pour un natif est un objectif presque insurmontable.
Mais qu’est-ce que la maîtrise? Comment définiriez-vous la maîtrise complète d'une langue?
La capacité,