Après avoir écrit la première newsletter en anglais, il m’a semblé urgent d’avoir un volet en français. En regardant ce qui se fait ailleurs, je me suis rendu compte que presque toutes les newsletters sur l’apprentissage du français se concentrent sur des conseils de grammaire.
C’est très bien, mais je trouve que c’est quelque chose qu’on peut apprendre ailleurs, et facilement en plus. Pour commencer, un bon livre de grammaire fera l’affaire.
Ce qui est plus difficile est de trouver du contenu intéressant en français.
Je veux vous faire redécouvrir le plaisir de lire une newsletter détaillée chaque semaine — quelque chose qui aura un peu de matière à digérer, un peu de chair à mastiquer.
Je vous propose donc une newsletter très personnelle, avec des recommandations et des histoires de mon cru.1
Le format de mes envois sera donc :
- Une fois par semaine, la newsletter en anglais, sur le sujet plus précis de l’apprentissage des langues et du français.
- Au moins une fois par mois (mais je vise une fois par semaine) cette newsletter en français, avec une bonne longueur et des suggestions de contenus.
==> Vous trouverez à la fin un petit lexique des mots difficiles utilisés dans cette newsletter, ainsi qu’une section sur expressions québécoises que j’ai employées.
Des articles à lire
Je recommande souvent La Presse à mes élèves, pour la qualité de leurs articles et leur facilité de lecture. Je lis aussi Le Journal de Montréal, principalement pour avoir certaines nouvelles difficiles à trouver sur ce qui se passe au Québec, mais pas trop pour leurs articles sensationnalistes ou leur langue abrutie2 pour le commun des mortels…
Dans cette partie, je vais vous partager des articles que j’ai moi-même lus et qui pourraient vous intéresser ou former la base d’une discussion stimulante lors d’un échange avec votre professeur. Je vais partager quelques réflexions sur chaque article, qui sont inspirées de leur lecture.
Steve Jobs
==> Steve Jobs : « Pensez à votre vie comme à un arc-en-ciel »
Steve Jobs est un personnage fascinant. Je me rappelle, en 1999, alors que j’habitais en Californie et que je publiais une newsletter (en papier) qui s’appelait Just Eat An Apple, que M. Jobs s’était abonné à mon magazine! Dans ce temps-là, j’étais crudivore, c’est-à-dire que je me nourrissais uniquement d’aliments crus et végétariens. Et Steve Jobs lui-même, à cette époque, expérimentait avec le régime frugivore, en mangeant seulement des fruits! Il s’était donc abonné à ma lettre, mais je n’ai jamais su ce qu’il en pensait. Probablement pas grand-chose… Parce qu’il était trop occupé à changer le monde. J’ai suivi la montée fulgurante3 d’Apple depuis ce temps, et mon regret est de ne pas avoir investi toutes mes épargnes dans la compagnie! Mais peu importe, il est toujours fascinant d’en lire un peu plus sur le personnage.
Les vêtements
==> Reporter ses vêtements, pourquoi pas ?
==> Porter des vêtements identiques chaque jour
Une section de La Presse que je lis d’habitude est Société. J’aime bien me tenir au courant de certaines tendances et idées, même si souvent je trouve que les journalistes sont très en retard! Les choses vont un peu trop vite pour les journalistes québécois. Tout de même, les articles sont bons.
J’ai une confession à faire : durant la pandémie, j’ai eu un problème d’achats compulsifs en ligne. Je n’en suis pas très fier, mais j’ai dépensé un montant indicible pour refaire ma garde-robe, ou bien pour équiper mon condo. En fait, le projet de refaire ma garde-robe avait commencé juste avant le confinement. Donc, quand tout a commencé à fermer, j’ai trouvé que c’était un merveilleux passe-temps alors que l’on ne pouvait presque rien faire. Le monde s’effondrait, mais il me restait le grand frisson du magasinage en ligne. Les heures passées à effectuer des recherches, à convoiter4 l’objet désiré, l’anticipation de recevoir le paquet, le déballage dudit5 paquet — tout cela me procurait une certaine dose de sensations fortes. Et je ne suis pas le seul. Il parait qu’en anglais, on parle de revenge buying. En tout cas, c’en6 est fini de mon vice d’achats en ligne. Et je reporte les mêmes tenues, sans que personne ne s’en rende compte.
Alimentation et climat
==> Repas climatique
Est-ce qu’une banane produit plus de gaz à effet de serre (GES) qu’une orange? Qu’en est-il du poulet, comparé au fromage? Cet article explore ces questions. De mon côté, je suis revenu à mon régime végétalien depuis le début de l’année. Mais j’ai été végétarien une bonne partie de ma vie. Il y a eu de nombreuses périodes où je n’ai plus trop adhéré à mes principes, pour pleins de raisons. Je le fais maintenant pour des raisons de santé, mais l’aspect écologique ne me laisse pas indifférent. Je serais curieux de savoir si vous pensez que l’alimentation est un sujet sensible, au même titre que la politique et la religion?
Un film à voir
Chaque semaine, je vais essayer de vous proposer un film ou une série à voir, avec encore une fois mes commentaires.
Viking
===> https://www.cinoche.com/films/viking
Où le trouver : j’essaie de vous proposer des choix que vous pourrez trouver facilement. Dans le cas de ce film, il est disponible en location sur plusieurs plateformes de streaming, comme Apple TV. En location voulant dire: il faut payer quelques dollars pour y avoir accès, mais celui-là en vaut le coût!
Donc Viking, comme bien des films français ou québécois, n’est pas à prendre au premier degré. C’est l’histoire d’un groupe de gens tout à fait ordinaires qui vivent à une époque extraordinaire : quand des humains se rendent finalement sur la planète Mars. Ces Québécois sont recrutés pour habiter dans des conditions similaires à celles des vrais astronautes sur Mars. Ils ont été choisis parce que leur profil psychologique est le même que celui des Martiens. Et la façon dont ils vont vivre cette expérience va former la base de recommandations à être envoyées à l’équipe sur Mars… Je n’en dis pas plus!
Ce film est un bon exemple de ce qu’on peut faire avec peu de budget. Une de mes élèves m’a dit qu’elle préfère les films à petit budget aux grandes productions, car la restriction budgétaire force les scénaristes à être plus originaux, à centrer l’histoire sur la psychologie des personnages, plutôt que sur l’action. Et les acteurs doivent relever le défi de rendre ces riches personnages intéressants dans un décor plutôt limité.
Confessions d’un Montréalais
J’ai envie d’écrire chaque semaine une histoire personnelle ou une réflexion. L’objectif de cette newsletter étant de vous proposer des contenus intéressants en français, je sais en raison de mon expérience en tant qu’auteur que la vie des autres, aussi banale qu’elle puisse paraître du point de vue de ceux qui la racontent, peut être aussi intéressante à découvrir du point de vue du lecteur. Pourvu qu’il y ait un petit quelque chose à dire! Et c’est ce que je compte humblement faire dans cette section.
Revenir à Montréal après des années d’errance
Je suis installé à Montréal depuis dix ans. Ce n’est pas la première fois que j’habite cette ville. Premièrement, j’y suis né, car mon père était un Montréalais d’origine. Sa famille était établie ici depuis quelques générations, alors que ma mère est de la région de la Mauricie, de Shawinigan. J’ai grandi à Repentigny, dans la région de Lanaudière.
Repentigny est très proche de Montréal, donc « aller en ville » faisait partie de ma vie depuis le plus jeune âge. Au début, c’était avec mes parents qu’on allait voir un spectacle ou bien magasiner. Mon père avait payé mille dollars pour un des premiers lecteurs VHS et au début, il n’y avait que deux clubs vidéo à Montréal, et aucun où j’habitais! Le premier film qu’on avait loué était le premier Star Wars. Ensuite, à l’adolescence, on sortait en ville, où l’action se trouvait. L’été, on allait voir les feux d’artifice aux abords du pont Jacques Cartier, ou bien à un spectacle comme celui, aujourd’hui légendaire, de Metallica et Guns N’Roses (qui s’est terminé en une émeute7 monstre). Bref, on allait à Montréal trouver tout ce qui ne se trouvait pas en banlieue — et beaucoup de choses entraient dans cette catégorie!
Dans le début de la vingtaine, je suis allé vivre presque trois ans en Californie. J’ai vécu principalement à San Diego. Comme je l’ai dit plus tôt, j’étais crudivore à cette époque, et ce mode de vie me passionnait tellement que j’étais parti à la recherche de jeunes gens qui s’intéressaient comme moi à cette alimentation. J’ai commencé à travailler pour une compagnie naissante qui vendait des livres sur l’alimentation crue et c’est comme ça que je me suis retrouvé à publier leur newsletter, Just Eat An Apple (qui comme je vous l’ai dit, a eu Steve Jobs comme abonné!)
La Californie, ça a été le rêve absolu pour le jeune Fred de 22 ans, et je ne me suis jamais ennuyé du Québec durant tout ce temps. Il y avait la plage et le soleil presque à l’année. Les filles étaient charmées par mon accent français et une ambiance survoltée de découverte et de nouveautés, celle du rêve américain, flottait dans l’air. À un moment donné, j’ai commencé à penser à revenir. Le hic8 est que je n’étais pas américain et que mes possibilités pour vivre légalement aux États-Unis étaient fort limitées. J’ai donc dû me résoudre à retourner au bercail9.
Au retour de mes aventures américaines, je suis rapidement allé m’installer à Montréal. Cela allait de soi. Montréal, c’était là où tu allais quand tu avais 24 ans et que tu voulais habiter au Québec, mais te lancer dans une nouvelle vie.
J’ai encore, comme bien des gens de ma génération, une certaine nostalgie du Montréal des années 2000. D’ailleurs, ma recommandation finale de la semaine ira en ce sens! Peut-être était-ce le coût de la vie qui permettait à n’importe qui de profiter des avantages d’habiter en ville, sans se ruiner. Mon premier 4 et ½ à moi, sur la rue d’Iberville, près du parc Molson, était $485 par mois, et c’était spacieux! Avant ça, je partageais une maison sur St-Denis avec des amis. Pour économiser de l’argent, nous ne chauffions presque pas! Sur presque toutes les photos que j’ai de cette maison, on nous voit porter des manteaux à l’intérieur.
Il y avait aussi une certaine énergie dans l’air. Arcade Fire écrivait sa musique quelque part dans la ville et d’autres bohèmes et artistes en tout genre se la coulaient douce dans le quartier Latin. Ce n’était pas le Montréal enflammé des années 80-90 (pour cela, il faut lire Vamp de Christian Mistral), ou le Montréal pauvre mais sympathique de Michel Tremblay (années 50-70, lire Les chroniques du Plateau Mont-Royal), mais la vie était douce.
Mes années d’errance ont commencé vers 2006, quand je me suis mis dans l’idée de déménager au Costa Rica. C’est un peu long à expliquer, mais j’avais l’appel des tropiques! Le mode de vie crudivore avait un peu à voir avec tout ça. En tout et partout10, j’ai passé deux ans au Costa Rica, sur quatre ou cinq hivers. Je n’ai donc pas réussi à m’y établir à long terme, mais je partais plusieurs mois par année. À deux reprises et dans deux relations différentes, j’étais convaincu que je finirais par vivre là-bas. Nous avons même tout vendu pour nous établir là, mais l’adaptation ne fut pas possible. Certaines personnes sont capables de refaire leur vie ailleurs. Pour moi, l’appel du pays, de ma terre natale, le Québec, était trop fort.
Durant mes aventures au Costa Rica, je n’habitais plus à Montréal. J’étais rendu dans les Laurentides, à Prévost, et plus tard à St-Sauveur. J’ai adoré le temps que j’ai passé dans cette région. Oui, je dépendais de la voiture, mais j’allais courir sur la piste cyclable du Petit Train du Nord, je passais des journées dans le Parc du Mont-Tremblant, avec ses innombrables lacs et montagnes. Et comme mes hivers étaient passés au Costa Rica, je ne souffrais pas trop!
En 2009-2010, l’aventure a continué. Je me suis fiancé sur un coup de tête, avec un mariage en 2010 qui n’a pas duré deux ans. Notre mariage a été suivi d’un long voyage à travers le monde, où nous avons fait plus de 30 pays! Je donnais des conférences à certains endroits. Je travaillais encore dans ma business sur l’alimentation végane et je publiais en voyageant. J’ai même terminé un livre en Thaïlande, que j’ai publié alors que nous étions rendus en Australie, et j’ai vu la première copie physique en Nouvelle-Zélande! Mes clients achetaient le livre, mais moi je ne l’avais même pas encore tenu dans les mains. Avec les nouvelles technologies, c’était possible. Nous étions des nomades numériques avant même que ce mot ne soit inventé ou ne devienne branché. À la suite de notre voyage, nous nous sommes installés dans la ville de Vancouver, où j’ai vécu un an et demi.
Pourquoi Vancouver? Ma femme était de Calgary et elle n’était pas prête à habiter au Québec sans connaître le français. Nous avons décidé de rester au Canada et d’essayer Vancouver, une ville qui nous avait toujours attirés.
Quand on me demande ce que je pense de Vancouver, surtout si je compare à Montréal, je dis souvent que j’ai adoré le temps que j’ai passé là-bas, mais que mon cœur était resté au Québec. Je garde des souvenirs vifs11 de ces mois en Colombie-Britannique, peut-être parce que cette période de ma vie était si mouvementée. J’étais surtout fasciné par la beauté des lieux, par ces majestueuses montagnes qui dominaient le paysage. Le plus magique était de se prélasser sur la plage de Kitsilano en plein soleil de juin, alors que le sommet des montagnes était encore enneigé! J’allais à Granville Island par des journées pluvieuses, acheter mes fruits et légumes, et je courais le long de la mer, peu importe la température.
Malgré cette belle vie à Vancouver, il me manquait quelque chose. C’était bien beau tout cela, mais ce qu’il me manquait était la vie dynamique de Montréal, et surtout ma langue et ma culture! J’écoutais la chaîne francophone de la Colombie-Britannique sur Radio-Canada pour me défouler12, et je répétais les occasions de prendre l’avion pour aller visiter ma famille au Québec. Chaque fois, j’en revenais avec un énorme serrement au cœur, comme un sentiment de séparation douloureuse. Il a bien fallu que je me rende compte que je ne serais jamais vraiment heureux à Vancouver. J’étais un Québécois dans l’âme et il fallait que je revienne. Le coût de la vie, à Vancouver, était aussi exorbitant.
En revenant de mon pèlerinage, je suis tombé sur un appartement à louer dans la Petite Italie, près du Marché Jean-Talon. L’endroit était parfait: lumineux, calme et bien situé. Et c’était, par un pur hasard, tout près d’où j’habitais dans les années 2000. Je l’ai donc loué tout de suite et j’ai fini par l’acheter, presque dix ans plus tard.
Maintenant, pour la première fois de ma vie, je n’ai plus envie de partir. Je ne me lasse plus de ma ville. Montréal a certes changé. Les prix ont augmenté, il s’y parle un peu moins français, mais il y a plus de pistes cyclables, il y a plein de choses intéressantes qui s’y passe, et il fait toujours aussi bon d’y vivre! Dans les prochaines newsletters, j’espère vous partager ce qui me fait le plus vibrer à Montréal et au Québec.
Une dernière recommandation
Comme dernière recommandation, je vous propose de lire le livre Le Plongeur, de Stéphane Larue, ou bien d’aller voir le film du même nom qui est sorti en salles (si vous êtes au Québec, sinon attendez que ça sorte sur les sites de streaming). C’est un merveilleux roman qui raconte une histoire simple mais sympathique, et ça se passe dans le Montréal des années 2000! Le film aussi est une réussite et montre bien le Montréal d’il y a vingt ans.
J’attends vos commentaires…
Mots québécois utilisés dans cette édition
Magasiner. Faire du shopping
Un 4 et ½. Un appartement de deux chambres (two-bedroom apartment). Salon, cuisine, et deux chambres. Ça fait quatre, et le “demi,” c’est la toilette!
Cute. De l’anglais : mignon. Prononcer « kioute ».
S’ennuyer de quelque chose. Quelque chose nous manque.
Je termine cette édition avec une photo de mon chat Marius. Ça n’a rien à voir avec le français, mais peut-on se lasser de regarder des photos de chats cutes? Envoyez-moi des photos de vos chats et chiens et ils feront peut-être une apparition dans la newsletter.
De mon (propre) cru. Of my own, with my own “sauce.”
Abruti. Here: dumbed-down.
Fulgurant. Très rapide.
Convoiter. To desire.
Dudit, de la dite. The aforementioned item.
C’en. Cela en.
Une émeute. A riot.
Le hic. Le problème.
Retourner au bercail. Come home.
En tout et partout. Altogether.
Vif. Here: vivid.
Se défouler. Let off steam.
J'ai aimé cet article. Je ne pense pas qu'il y ait de restriction à parler du sujet de l'alimentation. Je crois que cela devrait être une décision individuelle de manière générale.
Bravo! J'aime beaucoup ce format et la variété des sujets et tes recommandations. J'apprécie l'article "Porter des vêtements identiques chaque jour." C'est une habitude que j'ai prise il y a quelques années et qui m'a permis d'améliorer ma vie. Beaucoup de contenu à réfléchir. Merci Frédéric!