Souvent, on dit que le problème principal qui nous empêche d’avancer dans une langue c’est le manque de temps.
Je pense plutôt que le vrai problème est une mauvaise planification du temps.
Voici des trucs que j’ai découverts avec le temps, qui peuvent vous aider à mieux utiliser votre temps pour apprendre le français.
1. Se donner des objectifs de temps plutôt que d’accomplir une tâche
Apprendre une langue est une question de garder la motivation. Tout ce qui nous fait perdre la motivation est à proscrire.
L’année dernière, j’ai commencé à apprendre le portugais européen. Au début, je me suis donné comme objectif de compléter une leçon de mon livre Assimil par jour. Mais après un certain temps, je me suis rendu compte que c’était une erreur.
Dès qu’un objectif est lié à un résultat, on peut facilement se décourager si ce résultat n’est pas atteint.
J’ai donc changé l’objectif. Chaque matin, je faisais quinze minutes dans mon livre de portugais. Si je terminais une leçon, c’était parfait. Sinon, pas de problème. Je continuais le lendemain.
Voici comment vous pouvez changer vos objectifs pour les rendre plus efficaces
Au lieu de vouloir lire un nombre de livres par mois, ou même un nombre de pages par jour, se donner comme objectif de lire un certain nombre de minutes par jour.
Au lieu d’avoir comme objectif d’atteindre un certain niveau de français à la fin de l’année, avoir comme objectif de faire au moins quinze minutes de français par jour durant l’année.
Au lieu de se donner comme objectif de comprendre des films en français, se donner comme objectif de regarder un film français par semaine avec les sous-titres en français, pendant donc environ deux heures par semaine, mais sans se préoccuper du résultat.
Dès qu’un objectif est lié à une habitude plutôt qu’un résultat, il y a moins de chances qu’on abandonne ou qu’on se décourage. En fin de compte, le fait de faire quelque chose régulièrement donne des résultats.
2. Regarder des films et des séries de qualité moyenne doublés en français
Une façon simple de pratiquer plus de français est de ne rien changer à sa routine, mais de transformer ce que l’on fait déjà en occasions de pratiquer notre français.
Par exemple, pour plusieurs personnes, regarder des séries ou des films sur Netflix ou Amazon Prime, ou sur une des innombrables plateformes de streaming est un plaisir coupable. C’est une façon de relaxer, mais souvent, ce ne sont pas des œuvres de grande qualité. Combien de séries a-t-on vues qu’on a tout de suite oubliées et qui n’ont laissé aucune impression durable, même si l'on a passé des heures à les regarder?
Vous pouvez transformer tout ce gaspillage de temps en quelques de plus productif. Joindre l’utile à l’agréable, comme on dit.
J’ai commencé à faire cela en regardant des séries américaines, mais avec un doublage en allemand.
Par exemple, j’avais lu la série de livres de science-fiction, Le problème des trois corps, mais en traduction en allemand. Netflix a récemment sorti une série sur le premier livre. Je l’ai regardée en allemand. Et ça m’a donné l’idée de faire la même chose avec d’autres séries et films.
L’idée est de regarder des séries de qualité moyenne, mais doublées en français.
Imaginez une série américaine. L’idée est de changer l’audio pour le français. La voix des acteurs va être remplacée par des voix d’acteurs francophones.
C’est un peu bizarre, mais on finit par s’habituer. Et comme je disais, vous allez faire cela avec des films et des séries qui ne sont pas de grands chefs-d’œuvre.
L’avantage du doublage est que la qualité de la langue est meilleure. Elle est beaucoup plus facile à comprendre. La prononciation est claire et l’usage de l’argot est plus limité. C’est aussi une qualité studio, avec un bon son.
Généralement, vous allez trouver toutes les séries et les films Netflix en versions doublées en français. Pour les autres films, il faudra souvent utiliser un VPN pour changer la localisation géographique de votre ordinateur. En vous connectant sur un serveur français ou canadien, les services de streaming devraient vous proposer la version française.
Mon amour pour le doublage
J’ai grandi avec des films américains doublés en français. La première fois que j’ai entendu la voix de Tom Hanks ou d’un autre acteur connu de l’époque, ce n’était pas sa voix originale. C’était celle d’un acteur français! (Le pire était quand la voix changeait d’un film à l’autre!)
À l’époque, tous les doublages étaient faits en France. Maintenant, il existe une version québécoise, qui n’est pas nécessairement en québécois, mais dans un français plus neutre et international.
Mais j’ai toujours aimé les doublages faits en France. J’adore la voix de Marty McFly dans Back to the Future. Et celle de Rambo était fantastique. Le mec qui la faisait est légendaire pour cette voix.
Souvent, on parle en mal du doublage. On dit que dans plusieurs pays européens, par exemple la Norvège, les gens regardent seulement des films américains avec des sous-titres, et c’est pour cela qu’ils apprennent mieux l’anglais.
Mais c’est aussi à travers ces films doublés que j’ai appris plein d’expressions françaises de France. Sans ces films, je ne crois pas que ma connaissance du français serait aussi vaste.
Je suis le danger
Je trouve ça assez hilarant d’entendre des répliques de films ou de séries que je connais bien dans d’autres langues.
Par exemple, je suis un grand fan de la série Breaking Bad. Voici une scène classique de cette série en plusieurs langues.
Ce qui est intéressant, c’est que clairement la version française est la meilleure! Ce que les gens dans les commentaires ont noté.
Breaking Bad en québécois
Maintenant, en grande première mondiale, voici la version québécoise de cette fameuse scène de Breaking Bad!
Walt, s'y te plaît, faut qu’on arrête toué deux d'essayer d’justifier tout ça et, et faut admettre que t’es en danger !
À qui que tu parles en ce moment? Qui c’é qu’tu penses voir devant toé? Tu sais-tu combien je gagne par année? Même si je t’le disais, tu l’croirais pas pantoute! Sais-tu c’qui ce passerait si je décidais soudainement d'arrêter de travailler ? Une business assez importante qu'a pourrait être coté en bourse — fait faillite! A disparaît ! A cesse d'exister, sans moé. Non, tu sais vraiment pas à qui tu parles, faque laisse-moi te mettre la puce à l'oreille. Chus pas en danger, Skyler. C’est moué le danger! Un gars ouvre sa porte pis se fait descendre, pis tu penses que c’est moué ? Non. C’est moué l’gars qui frappe à’ porte!
Niveau supérieur: deux langues en même temps
Si vous apprenez plus d’une langue, voici une idée qui va vous décoiffer.
Décoiffer est un terme familier pour surprendre, déranger.
Essayez de regarder un film avec le doublage en français, mais les sous-titres dans une autre langue!
Ce n’est pas quelque chose à essayer à un niveau débutant. Mais l’avantage de cette méthode est qu’elle vous empêche de trop vous fier aux sous-titres et de ne plus porter attention à ce qui est dit.
C’est un peu difficile, mais très enrichissant.
Je regarde en ce moment une série plutôt moyenne sur Apple TV, avec le doublage en allemand et les sous-titres en portugais européen!
3. Créer des routines, incorporer l’apprentissage du français dans votre vie
L’idée est d’incorporer la pratique du français dans votre vie. Il faut que ça fasse partie de votre routine, plutôt que de voir cela comme une difficulté à surmonter qui demande beaucoup de temps d’étude ardue.
Avec mon site French With Frederic, je mets en pratique ce concept. Mes membres peuvent avoir accès à plein de contenus, mais aussi participer à des cours de conversation, un Club de lecture, et plus encore.
Le Club de lecture, par exemple, vous donne une structure et une source de motivation pour lire des romans en français. Pour mes membres les plus assidus, participer au Club de lecture fait partie de leur routine. Ils viennent aux rencontres. Ils lisent le livre, ils participent à la deuxième rencontre de discussion.
4. Combiner des activités que vous aimez déjà avec le français
Encore une fois, l’idée n’est pas de trouver du temps pour apprendre le français. L’idée est de transformer l’utilisation de votre temps pour mélanger la pratique du français avec ce que vous faites déjà.
Par exemple, j’aime beaucoup la cuisine italienne. Je me suis donc mis à regarder compulsivement des chaînes YouTube de cuisine italienne… en italien. Pour moi, c’est un passe-temps. J’essaie des recettes. Parfois, je regarde des vidéos pour me donner des idées. Parfois, par simple divertissement. Bref, je ne vois pas ça comme une façon de pratiquer mon italien. Mais c’est ce que je fais par la même occasion! Et j’ai remarqué que je connais de plus en plus de mots et d’expressions pour parler de la cuisine et italien.
Pensez au passe-temps que vous avez déjà.
La lecture. Si vous aimez lire, commencez à lire des livres en français. Cela peut être de la fiction, des essais, ou même des bandes dessinées. Participez à mon Club de lecture pour être conseillé dans vos choix de lecture et guidés à travers votre lecture.
Le sport. Si vous pratiquez un sport ou êtes passionné par un sport, vous pouvez écouter des commentateurs francophones ou lire des articles sur vos sports préférés. Vous pouvez trouver des chaînes YouTube qui parlent de ce sport. J’avais un élève qui était passionné de vélo. Dans nos leçons, nous passions beaucoup de temps à analyser des vidéos de vélo françaises et essayer de les comprendre.
Les voyages. Si vous aimez voyager, lisez des guides de voyage en français, trouvez des chaînes YouTube en français sur les voyages qui vous intéressent!
La photographie. Si vous êtes amateur de photographie, suivez des photographes francophones sur les réseaux sociaux. Cela vous permettra d'apprendre le vocabulaire spécifique à cet art.
La cuisine. Comme dans mon exemple, essayez de suivre des recettes ou de regarder des vidéos de cuisine en français. J’en avais parlé sur mon site, en donnant des idées de chaînes de cuisine à suivre en français et surtout au Québec.
5. Parler aux gens!
Mon dernier truc est assez évident, mais souvent, on ne le suit pas.
Il faut parler aux gens.
Il faut parler en français dès que vous avez l’occasion de le faire.
J’habite à Montréal dans la Petite Italie. Avant, il m’arrivait souvent d’aller dans des marchés italiens et de ne pas parler italien parce que j’avais peur de le faire, je ne me sentais pas à la hauteur, où je n’étais pas certain que la personne à qui je voulais parler pouvait vraiment s’exprimer dans cette langue. Maintenant, je le fais dès que j’en ai l’occasion.
Au lieu d’aller chercher mon café au café franco-anglophone habituel, je vais souvent le chercher dans un café latino. Et dans ce café, je n’hésite plus à parler espagnol.
L’autre jour, j’ai fait une réservation pour un restaurant vénézuélien. Étant donné qu’on est au Québec, mon instinct aurait été en premier de parler français, car j’étais certain que la personne allait parler cette langue. Mais j’ai tout de suite adressé la parole à l’employé du restaurant en espagnol.
Ces petits moments de pratique peuvent paraître minuscules et inutiles, mais c’est en fait ce qui fait que la langue que nous apprenons devient vivante. Elle fait partie de nous.
Je suis certain qu’il vous arrive parfois d’entendre une conversation en français. Et que parfois vous avez envie de dire quelque chose, mais vous vous retenez, par peur ou par gêne.
La gêne est l’embarras, malaise. Mais au Québec, ce mot veut aussi dire timidité.
Ça m’est arrivé souvent. J’entendais des touristes parler italien ou allemand, et je n’osais pas les interpeller. Mais maintenant, je le fais plus souvent. Et il est très rare que cela ne provoque pas une conversation super intéressante!
Bonne chance et bonne pratique!