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Why write about my trip around the world?
After putting my Spanish on hold for years (probably close to ten years), I decided to get back into it a few months ago. Naturally, I wanted to read in Spanish to revive it. The first book I read was 754 días by Christian Byfield, a Columbian influencer who wrote about leaving his job and traveling around the world. I realized that reading about someone else’s travels was a great way to practice a language. That’s why I decided to write this series about my own trip around the world, to give you something fun to read that talks about different cultures of the world, from the point of view of a traveling Quebecois. To read the first part of this series, you can go back to the first installment.
Pour lire cette série du début
Mon voyage autour du monde
Quatrième partie
Je vous ai laissé la dernière fois en Sicile, où j’avais fait la découverte des différences frappantes entre l’Italie du Nord et l’Italie du Sud.
De Parlerme, nous avons pris un vol direct pour Athènes, pour aller passer trois semaines en Grèce, un pays que je n’avais jamais visité mais dont j’avais toujours rêvé.
Grèce
Population: 10 millions.
Langue: Le grec moderne.
Particularité: Plus de 200 îles habitées.
Pourquoi j’avais choisi ce pays: Quand j’avais 17 ans, je suis tombé amoureux d’une jeune Grecque. Ce ne fut pas un amour réciproque. Mais j’avais tout de même essayé timidement d’apprendre le grec et d’en savoir plus sur le pays.
Ma plus grande surprise: Que cette partie du voyage allait faire partie de mon Top 3 du voyage autour du monde. Autrement dit, je ne m’attendais pas à autant aimer la Grèce.
Nous étions donc en septembre, et cette semaine-là, il faisait un temps spectaculaire. Après seulement quelques jours à Athènes, nous avons pris le bateau pour nous rendre à Myconos, la première île que nous avons visitée durant ce voyage.
Myconos est la première destination idéale d’une virée dans les îles grecques, car elle t’en met plein la vue dès l’arrivée, avec cette vision surréelle de maisons blanches avec en fond le ciel céruléen, le dédale de petites rues pavées étroites aux portes peintes en bleu, les plages bondées de jouisseurs et d’adorateurs du soleil.
Myconos est parfaite, et même un peu trop. On sent que tout ce décor est un peu factice: il a été construit ou rebâti pour les touristes (surtout quand on tombe sur le Starbucks local dans sa fausse petite maison blanche).
Mais tout cela est sans importance, car ce qu’on vient justement chercher aux îles grecques, c’est le rêve.
Tout de suite en arrivant, nous avons loué une sorte de scooter sur quatre roues et sommes partis à la découverte de l’île. C’est les cheveux dans le vent et en regardant la mer Égée sur ce petit bolide que j’ai ressenti une énergie euphorisante qui ne m'a pas quitté de tout le reste du voyage. Je me suis senti libre et en vie.
Après Mykonos, nous sommes allés à Naxos, Rhodes, Santorini et finalement en Crète.
Dans cette série sur mon voyage autour du monde, j’ai décidé de ne pas vous faire un récit élaboré et chronologique de tout ce qui s’est passé durant le voyage et de tout ce que nous avons visité. Rien n’est plus ennuyant que d’entendre quelqu’un raconter pendant des heures les moindres détails d’un voyage (Après être arrivés, nous nous sommes rendus à notre hôtel où nous avons dégusté un bon verre de vin en regardant le coucher de soleil…) Je préfère vous donner les points forts du voyage, les choses qui m’ont marqué, auxquelles je pense encore à ce jour.
Il y a plusieurs choses qui m’ont marqué de la Grèce.
Je pense qu’en général, dans les voyages, je ressens une joie intense avec une combinaison de facteurs très simples: un ciel bleu, une température paradisiaque, la mer ou un plan d’eau et surtout le sentiment d’être au bout du monde, dans un endroit perdu et où, pour un instant, j’ai l’impression d’être loin, très loin — de tout et de tous. On voit qu’avec ces critères, les îles grecques étaient tout à fait appropriées pour stimuler mon bonheur.
Les points forts de notre visite étaient les après-midis où nous partions en scooter à la recherche de petits lieux historiques, vestige de l’ancien Empire romain. Même sur les îles les plus touristiques, comme Santorini, nous avons pu gravir des routes escarpées pour atteindre des lieux isolés, sans aucun touriste, desquels nous pouvions avoir une vue magnifique de la caldera ou de la mer, tout en nous baladant dans de vieilles ruines dont aucun guide touristique ne pouvait nous expliquer l’existence.
J’ai été moins charmé par la Crète, qui de par sa taille et son développement, ne me procurait pas cet effet d’émerveillement qu’ont les petits endroits isolés.
Je ne me souviens plus si c’était à Rhodes ou Naxos, mais il y avait quelque part un petit musée où l’on pouvait admirer toute la correspondance que Victor Hugo avait entretenu avec une femme qui habitait sur l’île. Ce sentiment de proximité avec l’écrivain, entouré du décor onirique et fabuleux de la mer me plongeait dans une délicieuse rêverie sur cette époque de correspondances, où M. Hugo recevait une exotique lettre cachetée de Grèce et se précipitait pour la lire, interrompant l’écriture de l’un de ses chefs-d’œuvre.
Ce voyage représentait aussi pour moi l’époque bénie où voyager rimait encore avec la magie de la découverte, loin de l’écoanxiété et de la culpabilité liée aux changements climatiques et de la désillusion que j’ai ressentie plus tard face aux ravages du tourisme de masse.
À cette époque, le voyage jouait un rôle tellement important dans ma vie et dans mon identité d’homme international multilingue. Mais plus tard, comme vous allez le voir dans les prochains articles de cette série, j’ai commencé à observer la dégradation de lieux magiques dans le monde entier, en commençant par Bali, où j’allais retourner pour la deuxième fois.
Comme de plus en plus de gens voyagent, bien des endroits ont dépassé leur limite. Des mouvements de protestation ont depuis émergé dans les villes envahies par les touristes, comme Barcelone ou Venise, où les habitants ont constaté avec horreur que le tourisme a défiguré leur quartier en Disneyland, et rendu la vie inabordable et non plus pensée en fonction des résidants, mais des visiteurs.
Mais au moment où j’ai fait ce voyage, je ne pensais pas à ces choses-là. Venise avait encore son charme. Et la Grèce aussi, était restée magique et personne ne craignait qu’un feu de forêt ait mis fin à leurs vacances, moi le dernier.
Tous ces facteurs mis ensemble, la température parfaite, mon état d’esprit, mon insouciance et mon émerveillement face à la découverte de ce pays mythique, et la magie des îles ont fait que ce voyage est resté à ce jour comme l’un des plus beaux que j’ai faits dans ma vie.
Et c’est pour cela que je ne retournerai probablement jamais en Grèce. Je sais que si j’y retourne, je serai déçu. Le ciel ne sera pas aussi bleu. Les îles me sembleront moins authentiques. Il y aura plus de touristes. La nourriture me semblera plus fade. Je chercherai en vain des traces de mes souvenirs, et les seuls que je trouverai me sembleront des ruines du passé, comme ces vestiges de la Grèce antique que nous n’avions pas pu identifier sur Santorini.
Istanbul
Nous sommes restés seulement trois jours à Istanbul, sans visiter le reste de la Turquie. Comme tous les touristes, nous sommes allés à la Mosquée bleue, avons bu du jus de pomme grenade vendu par des marchands dans la rue, et avons résisté stoïquement aux vendeurs de tapis.
Cette dernière anecdote mérite d’être racontée.
Je crois que c’était lors d’une visite organisée que nous avons été amenés dans la boutique de vendeurs de tapis. Selon notre guide, cela devait être seulement une petite visite agréable, sans aucune obligation d’acheter.
La vérité était que nous étions deux petites proies sans défense jetées dans l’antre du lion. Le guide était de connivence avec les vendeurs, et sans aucun doute, comptait sur notre docilité pour récolter ses gages.
Les vendeurs, naturellement très sympathiques, voulurent nous faire une petite “visite guidée” de leur fabrique, l’une des meilleures au monde et des plus artisanales, nous avaient-ils dit. L’entreprise de séduction, ou plutôt d’extorsion, commence par la dégustation du thé, à laquelle on ne peut bien entendu pas se soustraire.
Il s’ensuivit une délicate et sournoise transition vers les mérites des tapis, leur supériorité, et l’importance pour n’importe quelle jeune famille (que nous allions être sans aucun doute) de s’en munir et de le chérir, le passant de génération en génération. Il allait de soi qu’une maison allait être nue sans tapis, n’est-ce pas? Et où habitez-vous, déjà? Nous voyageons, et nous n’avons pas d’appartement ou de maison. Mais ce voyage ne durera pas toute la vie, non? Vous allez bien retourner vivre quelque part? Bien sûr que nous allions le faire, mais ce n’était pas encore clair où. Mais un tapis est bien nécessaire peu importe où l’on habite, que ce soit dans la plus somptueuse demeure où l’appartement le plus modeste.
Et ainsi commença une longue torture, à coup non pas de fouets mais bien de questions auxquelles il était impossible de répondre autrement que par l’affirmative. Je résistais à l’interrogatoire, ne pouvant feindre la barrière de langue, car ils les parlaient quasiment toutes. Ma méthode de survie était de dire le moins possible. Mais il était clair, de par mes réponses, que j’allais au moins vouloir repartir avec un tapis, après une négociation féroce sur le prix. (Je n’avais rien dit de cela mais c’était la conclusion naturelle, et même la seule possibilité, que toute la mise en scène des vendeurs admettait comme possible. Car qui pourrait se donner la peine d’aller en Turquie sans rapporter un tapis?)
Je me suis rappelé à ce moment une technique qu’un ami psychologue m’avait apprise. Il l’appelait la technique du disque rayé. L’idée était que pour éviter de dire oui à quelque chose quand on subit l’interrogatoire de quelqu’un d’insistant, il suffit de visualiser un disque rayé. Un vieux vinyle sur un vieux tourne-disque, et usé par l’usage, la musique reste bloquée au même passage, et saute constamment. Il faut répéter la même chose, sans cesse.
Ma phrase clé était, “malheureusement, je ne suis pas intéressé pour aujourd’hui.” Ou quelque chose comme ça.
Mon entêtement à répéter cette phrase sans aucune émotion, fit baisser le prix au niveau le plus plancher que l’on pût imaginer. Au point que l’un des vendeurs me dit, “vous êtes un très bon négociateur, mais cette fois je ne peux pas aller plus bas.”
J’avais atteint le prix réel, une véritable aubaine en fait. Mais je m’étais tellement motivé à poursuivre dans mon entêtement, que je ne me suis pas rendu compte qu’en fait, j’aurais dû accepter et acheter ce foutu tapis, car je m’étais rendu à un prix que peut-être peu de touristes avant moi avaient pu même entrevoir!
Mais j’étais devenu une machine. J’ai résisté jusqu’au bout et nous sommes partis, laissant le vendeur complètement abasourdi.
Égypte
Population: 109 millions.
Langue: L’arabe.
Particularité: Les pyramides de Gizeh sont une des merveilles du monde, mais j’ai été surpris de découvrir qu’il y a aussi un Pizza Hut pas très loin (avec vue sur les pyramides).
Pourquoi j’avais choisi ce pays: Pour des raisons évidentes: sa place importante dans l’histoire.
Ma plus grande surprise: Que notre voyage ait été planifié seulement quelques semaines avant le printemps arabe, et que nous ayons pu voir le musée du Caire avant le saccage qu’il a subi peu de temps après.
Quel pays mythique que l’Égypte.
Nous avions seulement deux destinations prévues pour notre séjour d’une semaine. Le Caire, et Luxor.
Le Caire, en passant, c’est Cairo, en anglais. C’est une des rares villes du monde en français qui contient un article. On dit donc, aller au Caire.
Ma femme était motivée à voir le plus de monuments historiques possible, et c’est pour cela que nous avons fait appel aux services d’un guide.
Les guides en Égypte doivent suivre une longue formation. Chaque guide se spécialise dans un groupe de touristes et apprend à parler une ou deux langues couramment. Notre guide, Mohammed, était un passionné de l’histoire de l’Égypte ancienne et lamentait le fait que la plupart des Égyptiens avaient peu d’intérêt pour ce sujet. Il en parlait avec passion et c’est grâce à lui que nous avons pu retenir quelque chose de toutes ces visites touristiques et historiques.
Une de nos premières destinations a été naturellement le musée du Caire, un endroit étrange me rappelant vaguement certains films de Indiana Jones. Ce qui m’a impressionné était la quantité absolument inimaginable d’objets anciens répartis de façon assez aléatoire dans ce grand musée, où certaines salles faisaient penser à des entrepôts ou un archéologue patient aurait pu tomber à n’importe quel moment sur L'Arche d’alliance ou quelque autre objet mythique et cru perdu depuis longtemps.
Mais sûrement, la partie la plus impressionnante de la visite était l’exposition sur Toutankhamon, le onzième pharaon de la XVIIIe dynastie, et dont la découverte de la tombe et ses richesses sont légendaires.
Le Pizza Hut des pyramides
Bien entendu, nous nous sommes aussi rendus aux pyramides de Gizeh, ou comme tout le monde, je m’attendais à éprouver une expérience transcendante face à cette merveille du monde antique. Mais quelle fut ma surprise quand nous nous sommes arrêtés pour déjeuner au Pizza Hut en face des pyramides. Oui, un Pizza Hut. Et même un Kentuky Fried Chicken.
Avec l’aide de Mohammed, nous avons pu survivre à l’assaut des vendeurs de breloques et des conducteurs de chameaux, pour découvrir les pyramides de près et faire un tour à l’intérieur de l’une d’elles, où des touristes européens se couchaient au sol, dans l’espoir j’imagine d’absorber quelque énergie cosmique.
Pour moi, la vue du Sphinx avait quelque chose de plus impressionnant encore que celle des pyramides, probablement parce que dû à sa forme, cette oeuvre aurait dû être engloutie par le temps et le désert, mais pourtant, elle a survécu.
Luxor était de tout le voyage, la partie la plus intéressante et riche en monuments historiques mieux préservés, comme une magnifique fresque de Cléopâtre.
Deux mois après notre départ de l’Égypte, la révolution du printemps arabe commençait, et durant ces événements troubles, le musée du Caire fut pillé.
À suivre! La prochaine partie sera disponible bientôt.