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Mon voyage autour du monde
Troisième partie
Dans le dernier épisode, je vous ai parlé des préparatifs du voyage et de Hawaii. Je vous ai aussi raconté l’histoire inspirante du Capitaine John, que j’ai rencontré à Maui.
Pour lire la deuxième partie:
Le voyage commence
Une bonne façon de débuter un voyage autour du monde est de fixer le point de départ à New York. Cette ville étant un peu la capitale du monde et la mesure des pulsations de la civilisation humaine, on peut comparer chaque pays visité à la frénésie de la Big Apple.
Nous sommes donc restés quelques jours à New York en attendant notre vol pour Reykjavik, en Islande.
Ma nouvelle devise que j'avais l'intention de respecter au cours de ces mois de voyage était la suivante:
Fais en sorte que chaque jour compte
Depuis je j’avais décidé de faire ce voyage, j’avais l'impression que plusieurs éléments de ma vie se mettaient en place. Je ne savais pas trop où tout cela allait me mener. Mais je savais que je n’en ressortirais pas le même.
Islande
Population: 372,000
Langue: L’islandais, qui est la langue ressemblant le plus à celle que parlaient les Vikings. Mais tout le monde parle bien l’anglais.
Particularité: Le plus grand nombre de poètes par habitant.
Pourquoi j’avais choisi ce pays: Parce j’avais vu des photos magnifiques dans un vieux magazine de GÉO et l’endroit m’avait toujours fasciné.
Ma plus grande surprise: Que toutes les piscines municipales étaient chauffées à l’année par l’énergie géothermique.
GÉO était un magazine français similaire au National Geographic. Mes parents en avaient des piles et c’est en les consultant que j’ai eu la piqûre du voyage.
On considère l’Islande comme faisant partie de l'Europe, mais l’île est tellement isolée que c’est un monde à part. Elle se trouve juste à l'extérieur du cercle arctique et est certainement l'endroit le plus septentrional où j’étais allé jusqu'à présent dans ma vie.
Cependant, grâce aux courants océaniques, le climat n'est pas aussi froid qu'on pourrait l'imaginer. J’ai appris qu’en hiver il y fait plus chaud qu’à Montréal! En été, il ne fait pas très chaud. La moyenne quotidienne des températures maximales pendant mon séjour était d'environ 15 degrés Celsius. Un jour, la température a atteint 22 degrés et nous avons eu l'impression qu'il faisait très chaud !
Les Islandais profitent des nombreuses piscines ouvertes toute l'année.
En raison de l'activité volcanique de l'Islande, les sources d'eau chaude sont nombreuses.
Toutefois, les Islandais ne se baignent pas nécessairement dans l'eau des sources chaudes. Ils l'utilisent plutôt pour réchauffer l'eau froide des glaciers, mais aussi pour chauffer leurs maisons.
Comme ils ont beaucoup d'eau chaude, ils n'hésitent pas à en utiliser beaucoup pour faire fonctionner leurs piscines tout au long de l'année. Il y a même une plage où l’on déverse de l’eau chaude dans l’océan, pour que les gens puissent s’y baigner une partie de l’année!
Nous ne disposions que de cinq jours en Islande. Mais, comme nous étions en juillet, les journées étaient très longues. Le soleil se levait vers quatre heures et se couchait à minuit. Nous avions donc de beaucoup de temps chaque jour pour explorer les environs de Reykjavik.
Notre voyage en Islande n’a pas été très original, car nous sommes allés aux endroits les plus visités. Mais contrairement à plusieurs destinations touristiques dans d’autres villes du monde, ces endroits sont vraiment des musts.
Je parle des geysers, des cratères, volcans et autres merveilles naturelles, que nous avons pu découvrir lors d’une visite guidée.
Nous avons aussi loué une voiture pour voir un peu plus de paysage. En conduisant sur la route principale, nous avons vu un nombre infini de chutes d'eau, de montagnes magnifiques et de paysages désolés.
En anglais, on dit Iceland qui veut dire terre de glace. Et il y a le Groenland qui se dit Greenland.
Je me suis dit que les noms devraient être inversés. Le Groenland est la véritable terre de glace, tandis que l’Islande est un pays verdoyant. C’est ce qui m’a frappé en arrivant: toute la verdure.
L’Islande est un peu comme l’image paradisiaque d’une île tropicale mais transposée dans un climat arctique. Je me suis dit qu’un jour, il faudrait que je revienne pour voir les aurores boréales.
Nous avons complété cette première étape du voyage par une visite au Lagon bleu, une station thermale qui est annoncée un peu partout et est un arrêt obligatoire pour bien vivre l’expérience touristique de ce pays.
Car oui, l’Islande est devenue une destination touristique très populaire. Le pays est très moderne et plutôt prospère, et a développé une grosse partie de son économie autour du tourisme.
La seule façon de sortir des sentiers battus est d’aller très loin de Reykjavik. Vers la fin de notre séjour, nous avons rencontré un couple de Québécois qui venait de faire le tour complet de l’île — un voyage qu’ils avaient planifié depuis longtemps et qu’ils avaient complété en trois semaines. Ils nous ont raconté à quel point les villages au nord sont reculés et isolés.
Après avoir visité un pays, j’ai commencé à me poser la question suivante: est-ce que je pourrais imaginer habiter ici ou y passer plusieurs mois? La réponse pour l’Islande était non. Ce pays était certes très exotique, mais trop loin de ma réalité. Pourtant, cette visite a laissé une marque indélébile dans mes souvenirs.
Europe: Copenhagen, Paris, Londres, Berlin, Munich, République Tchèque
Ici, je ne peux pas décrire chaque pays car nous étions de passage pour quelques jours seulement dans chaque ville.
La raison était que j’allais donner des conférences ou des ateliers avec des gens qui m’avaient contacté avant mon voyage, et qui allaient nous héberger.
Je vais donc me contenter de survoler cette partie du voyage.
À Paris, Londres et Berlin, nous avons exploré la ville à vélo.
Malgré la terrifiante découverte qu’à Londres, les cyclistes doivent rouler dans la même voie que les autobus, j’ai apprécié d’explorer ces villes de cette façon.
J’avais déjà passé beaucoup de temps à Londres, mais c’était la première fois que j’allais à Paris. Nous sommes allés à Versailles en emportant nos vélos loués dans le train. De là, c’était très agréable de pouvoir visiter la ville et nous rendre au fameux château.
De la Syrie à Berlin, à pied
À Berlin, j’ai fait la rencontre d’un Syrien, propriétaire d’un très bon restaurant, qui m’a expliqué dans un excellent allemand comment il avait quitté son pays en guerre pour immigrer en Allemagne.
Il avait fait tout le chemin… à pied! Le récit de son voyage m’a cloué sur ma chaise. Je me suis senti très privilégié de choisir de voyager par pure ambition personnelle quand des gens, comme l’homme que j’avais rencontré, avaient traversé plaines, rivières et montagnes à pied pendant des mois, pour aspirer à une vie meilleure dans un pays sans guerre.
Italie
Population: 59 millions.
Langue: L’italien et de nombreuses langues locales qu’on appelle des dialectes mais qui sont des langues à part entière.
Particularité: L’impossibilité de refuser de commander un espresso après un repas dans un restaurant.
Pourquoi j’avais choisi ce pays: Parce qu’à part l’anglais, l’italien était la première langue étrangère que j’avais essayé d’apprendre, et que j’avais une attirance particulière pour ce pays.
Ma plus grande surprise: Le choc que j’ai ressenti en arrivant à Palermo, en Sicile. J’ai eu l’impression d’être transporté 30-40 ans en arrière et même d’arriver dans un autre pays.
J’étais déjà allé en Italie, pour quelques jours seulement, juste après le 11 septembre, 2001.
La peur du terrorisme avait fait fuir les touristes d’Europe. Ma copine et moi étions allés à Venise, profitant d’une offre à tout casser d’une compagnie aérienne désespérée de remplir ses avions. J’ai découvert la Venise idéale: pratiquement vide de touristes, avec tout le charme et la magie qui a attiré les écrivains, les artistes et les amants depuis des centaines d’années. On se promenait dans les labyrinthes de rues pratiquement désertes, et on découvrait la ville sans sentir qu’on était un produit du tourisme.
Je savais bien que jamais je ne retrouverais cette Venise-là, mais il fallait quand même que j’y retourne, et c’était donc la première étape de notre voyage en Italie.
Mais contrairement à ce que j’anticipais, Venise était encore restée empreinte de magie et avec une vie locale qui a probablement été détruite par le surtourisme depuis.
Un matin, je me suis rendu à un marché fermier qui ouvrait très tôt en bordure d’un canal. J’ai dû sortir mon italien endormi, pour pouvoir acheter les tomates les plus délicieuses que j’avais goûtées jusqu’à présent.
Il y a quelque chose dans le soleil de l’Italie qui semble gorger les fruits et les légumes de saveurs incomparables. Ou peut-être est-ce le sol… probablement les deux.
J’ai appris plus tard, dans mes études italiennes à l’université, que l’Italie est un agglomérat de nations diverses réunies sous un seul pays, qui d’ailleurs n’a été fondé que bien plus tard que la France.
Je me suis un jour obstiné avec quelqu’un qui revenait d’un voyage en Italie et était déçu de son expérience. Je lui ai parlé de ce concept de nations diverses disparates, et il a répliqué en affirmant faussement que c’est vrai pour tous les pays d’Europe.
La personne avait fait le voyage classique touristique de la côte amalfitaine et ne connaissait rien de la culture ou de l’histoire de l’Italie.
Et même s’il avait raison en disant que dans tous les pays d’Europe il y a beaucoup de variations régionales, c’est encore plus vrai et flagrant pour l’Italie.
Après tout, Venise était une république, un petit empire en soi, jusqu’en 1797.
Il y a en Italie un nombre incalculable de langues régionales qui sont encore parlée, et l’appartenance à une région est plus forte que dans d’autres pays.
Un Français de Marseille se dit français, bien qu’il soit attaché à sa ville natale. Mais une Napolitaine se considère avant tout napolitaine.
Un peu comme les Québécois se sentent québécois avant de se sentir canadiens (et personnellement, je ne ressens aucune appartenance culturelle au Canada).
Après Venise, nous sommes allés à Florence, où nous avons fait des visites culturelles et exploré la région environnante en Vespa. À Rome, nous avons fait la visite touristique inévitable du Colisée.
À Rome aussi, je sentais que j’étais plus que dans une ville, mais bien dans une petite nation à part entière.
Les Romains se sentent romains, avant d’être italiens. Ils parlent le dialecte romain. Ils ont des références culturelles romaines. Et sur place, j’ai senti cela plus fort que jamais.
Tout au cours de notre voyage en Europe, j’ai développé un intérêt pour l’histoire gréco-romaine. Nous avions l’occasion de visiter plusieurs pays où l’Empire romain s’étendait autrefois: l’Italie, la Grèce, l’Égypte et la Turquie.
Il était intéressant de commencer à faire des liens entre les vestiges de l’Empire romain de tous ces pays. Les sites archéologiques de l’Italie avaient un lien direct avec ceux que nous allions découvrir dans les îles grecques, et ainsi de suite.
Le voyage en Italie s’est conclu par la visite de la Sicile.
Jamais je n’oublierai mon arrivée en voiture à Palermo. Je conduisais l’auto de location, et nous sommes entrés dans la ville un soir comme les autres.
Tout de suite après être arrivé dans le centre-ville, j’ai été assailli d’une vision apocalyptique: avais-je traversé un vortex temporel sans le savoir? Quelque chose d’étrange et de troublant s’était passé. Nous n’étions plus en Italie. Nous n’étions plus en 2010. Nous avions atteint une dimension parallèle nommée: la Sicile.
Des enfants couraient partout en tout sens dans la rue, me rappelant une scène tirée des Misérables de Victor Hugo. Il y avait des vendeurs ambulants, comme on en trouve en Amérique latine, mais pas dans le reste de l’Italie. Une odeur de nourriture épicée flottait dans l’air. Et personne, mais absolument personne ne se souciait du code de la route et des feux de circulation.
Croyant à chaque instant que j’allais frapper un pauvre enfant innocent qui aurait surgi devant moi à la poursuite d’un ballon, je roulais à une vitesse de tortue et je me faisais klaxonner à qui mieux mieux. La sueur coulait à grandes gouttes sur mon front, et ma femme restait bouche bée, n’osant pas rompre ma concentration.
Finalement, nous avons rejoint notre hôtel et je me suis juré de ne plus jamais essayer de conduire dans Palermo.
Le voyage en Sicile s’est bien passé, malgré ma terreur renouvelée de conduire, qui avait atteint son paroxysme dans les routes sinueuses qui longent les falaises de l’île, où les parapets avaient souvent disparu (peut-être emportés par les voitures qui avaient sombré dans l’abîme), et où des conducteurs fous risquaient leur vie pour nous dépasser.
Je ne donnerai pas beaucoup de conseils durant cette série de voyage, mais il y en a un qui me semble judicieux: ne pas conduire en Sicile!
Pour lire la quatrième partie: