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On va parler d'erreurs culturelles, c'est-à-dire comment s'adapter à certaines pratiques culturelles qui peuvent nous sembler un peu différentes des nôtres.
Ici, je vais parler de façon générale de ce que je connais. C'est sûr que les us et les coutumes vont changer selon les familles, surtout selon les gens, selon certains milieux, mais de façon générale, je pense que ça va vous aider à faire face à ces situations culturelles au Québec qui peuvent sembler différentes.
La bise
On fait la bise au Québec de droite à gauche (votre droite) et avec les amis proches, on va vraiment poser les lèvres sur les joues de la personne sans nécessairement faire un gros bec mouillé, comme on dit au Québec. C'est-à-dire, on va pas faire un bec de matante, un bec de mononcle qui serait trop mouillé, mais un petit bec quand même! On va se donner un petit bec sur la joue.
Quand il s'agit d'une situation où on se fait la bise et on connaît moins bien les personnes, on va simplement embrasser dans l'air, un fameux air kiss comme on dit en anglais. Donc, simplement faire l’accolade.
Il faut dire qu'au Québec, on ne fait pas toujours la bise dans toutes les situations. On la fait des deux côtés. Ça, c'est très important. Si on n'est pas préparé, ça peut mener à un choc physique qui peut être une mauvaise surprise! Mais autrement, il y a plusieurs situations où on va simplement se serrer la main, que ce soit autant avec des hommes qu'avec des femmes.
Il y a eu une période durant la pandémie où on évitait ce contact-là. Je pense que c'est revenu un peu. Peut-être pas autant qu'avant, mais bref, ça fait partie quand même de la culture.
Pour comprendre l’expression un bec de matante, regardez cette vidéo du groupe humoristique RBO (de 1988)
Les invitations à souper
Si vous passez un peu de temps au Québec, vous aurez peut-être l'honneur d'être invité par des amis ou des collègues de travail à souper chez eux. Et c'est toujours génial de recevoir une première invitation quand on habite quelque part.
Au Québec, on apporte toujours un cadeau, comme dans plusieurs pays. Il faut absolument apporter une bouteille de vin si on est invité quelque part! Ça serait mal vu d'arriver les mains vides.
C'est très important d'arriver avec une bouteille de vin. La seule exception ici, ce serait si la personne ne boit pas, si vous savez que la personne ne consomme pas du tout d'alcool. À ce moment-là, on peut arriver avec quelque chose d'autre, comme un dessert, des chocolats, une boîte de chocolat ou quelque chose comme ça.
Même si la personne vous dit de ne rien apporter, il faut quand même apporter un cadeau!
Et il ne faut pas poser la question Est-ce que je peux apporter quelque chose? ou est-ce que tu veux que j'apporte quelque chose? » On ne pose pas nécessairement la question. Donc, apporter une bouteille de vin, c'est un choix gagnant! On ne peut pas se tromper.
Ensuite, la fameuse bouteille de vin qu'on apporte, il faut savoir qu'on ne va peut-être pas la boire au repas. Il ne faut pas s'offusquer si votre bouteille de vin n'est pas consommée durant le repas de votre hôte. Parce que l'idée ici, c'est que la personne qui vous invite a peut-être déjà pensé à des vins pour accompagner le repas. Et que le cadeau que vous lui apportez est simplement un cadeau. C'est très normal que cette bouteille de vin disparaisse et ne réapparaisse pas durant le repas! Ne vous sentez pas offusqué si ça arrive. C'est simplement un cadeau d'invité qu'on apporte.
Ensuite, si on vous invite à souper quelque part, il va falloir à un moment donné retourner l'invitation!
Ce n'est pas obligé d'être la semaine suivante, mais il faut quand même y penser. Et à un moment donné, on va proposer aussi une invitation si on peut. Et proposer de faire un souper avec les amis qui vous ont invité.
L’accent québécois
Un sujet très important, l'accent québécois. Il ne faut pas parler de l'accent québécois au Québec et il ne faut surtout pas rire de l'accent québécois, imiter l'accent québécois de façon comique et même demander aux gens de parler avec un accent québécois, c'est mal vu. Et aussi, ça peut être très offensant.
Je dirais même qu'il ne faudrait même pas dire que la personne a un bel accent! Par exemple, j'aime ton accent. En fait, ne parlez juste pas de l'accent de la personne, ça va être mieux!
Vous pouvez quand même dire que vous aimez l'accent québécois de façon générale, que vous aimez le Québec, que vous aimez la langue québécoise, mais ne pas dire Ah, j'aime ton accent.
Parce que ça peut être vu comme Ah, j'ai un accent spécial différent des autres et on peut se sentir mal par rapport à ça.
Les Québécois qui parlent français entre eux
Toujours en ce qui concerne la langue, si vous êtes avec un groupe de Québécois et que vous ne parlez pas très bien le français, il ne faut pas s'attendre à ce que tout le monde parle en anglais pour vous.
Je sais que c'est le cas dans plusieurs pays. Par exemple, j'ai entendu dire qu'en Suède, en Norvège, aux Pays-Bas, ces endroits où les gens parlent extrêmement bien l'anglais comme langue seconde, qu'ils vont souvent par politesse parler en anglais avec tout le monde et entre eux pour être polis envers la personne qui ne parle pas le norvégien ou le néerlandais.
Les Québécois se sentent généralement mal à l'aise de parler en anglais entre eux. Souvent, ils vont faire l'effort de vous parler en anglais si vous ne maîtrisez pas très bien le français, mais entre eux, les gens vont continuer de parler français. Il ne faut pas voir ça comme quelque chose de négatif. C'est simplement très difficile pour nous de parler en anglais entre nous!
Les sujets tabous
Il y a des questions sensibles au Québec, comme il y en a partout, et je dirais que ce n'est pas une bonne idée de donner son avis sur les politiques linguistiques du Québec ou sur l'indépendance du Québec.
Il faut savoir que ce sujet ne fait pas l'unanimité chez les Québécois.
Lors du dernier référendum de 1995, il y a 60 % des Québécois francophones qui ont voté pour l'indépendance, mais il y a quand même 40 % des Québécois francophones qui ont voté contre l'indépendance du Québec.
Pour ce qui est des politiques linguistiques, même si vous avez un avis là-dessus, je pense que c'est un sujet sensible, c'est un sujet compliqué. Il faut avoir vécu longtemps ici pour bien le comprendre, donc arriver et ça fait quelques mois que vous êtes ici ou même quelques années, soudainement, vous savez comment les choses devraient se passer au Québec par rapport à la langue. C'est vu comme étant très peu respectueux et aussi ça fait partie des sujets un peu sensibles au Québec.
Pour approfondir le sujet
Se plaindre
Quand on habite quelque part ou qu'on est là-bas en vacances, en général, ce n'est pas une bonne idée de se plaindre des choses qui vont mal, des choses qui ne vont pas bien, même si tout le monde est d'accord avec ces problèmes.
Par exemple, on peut se plaindre du climat ou de l'état des routes et les Québécois, de façon générale, vont être d'accord avec vous, ils vont vous dire « Ouais, c'est vrai, les routes ne sont pas toujours en très bon état au Québec et l'hiver peut être long et difficile. »
Mais de commencer à parler de ça et de s'éterniser sur la question, c'est comme si on disait « Ton pays est vraiment un endroit plein de problèmes. » C'est mieux de juste ne pas parler de ces choses-là ou du moins de ne pas trop en parler.
Au Québec, on ne veut pas trop de ces conversations négatives où on va s'engueuler sur des sujets. Je vais revenir là-dessus.
J'ai déjà entendu des gens dire qu'il faut être fou pour habiter dans un climat si froid comme celui du Québec! Pas gentil…
Le pourboire
La question du pourboire est peut-être très difficile à comprendre si vous venez d'ailleurs. Il faut savoir qu'il faut toujours laisser un pourboire au restaurant et que le minimum est de 15 %.
Maintenant, on vous offre la machine pour payer et si vous choisissez l'option 15%, en fait, c'est comme si vous laissiez 18% parce que ce montant qui est calculé est avant les taxes.
Le 15 %, normalement, on devrait le donner avant les taxes. Donc, si vous le donnez après les taxes, c'est comme si vous donniez un peu plus.
Donc, ce que je suggère, c'est de choisir le 15 % et comme ça, vous donnez à peu près 18 %, ce qui est un pourboire très correct et plus que le minimum.
Si vous choisissez une autre option sur la machine comme 18 % ou 20 %, c'est comme si vous donniez beaucoup plus.
Il faut toujours donner un pourboire même si le repas n'était pas à la hauteur de vos attentes. Il faut savoir que le pourboire n'est pas une question d'appréciation du repas.
Ce n'est pas optionnel le pourboire au restaurant ou dans un bar. Ça fait vraiment partie de ce qui est attendu du service. Donc, c'est presque un automatisme. Ça devrait idéalement être inclus dans le prix, mais ça ne l'est pas. Si le service était très mauvais, vous pouvez donner le strict minimum, c'est-à-dire le 15 % avant les taxes. Si le service était exceptionnel, vous pouvez donner un peu plus.
Mais généralement, je pense que c'est une meilleure idée de simplement toujours donner à peu près la même chose, peu importe.
Ça fait partie de la culture. On donne un pourboire. Si vous n'aimez pas le restaurant, si vous n'avez pas aimé le service, vous pouvez simplement choisir un autre restaurant la prochaine fois.
Pour ce qui est des autres endroits, par exemple les taxis, en général, on va donner 10% dans les taxis. Et chez le coiffeur ou la coiffeuse, à peu près 10 à 15 %.
Voici un petit documentaire intéressant sur l’évolution de cette pratique au Québec
Le tutoiement
On dit souvent qu'au Québec, on a le tutoiement facile. Et j'ai remarqué, par exemple, des Français qui viennent au Québec, qui apprennent ça et qui se mettent à tutoyer tout le monde dans toutes les situations possibles.
C'est vrai qu'au Québec, on a tendance à se tutoyer plus facilement. Mais c'est un peu compliqué de comprendre ces codes.
Par exemple, on va souvent se tutoyer dans les cafés ou des restaurants, mais surtout si ce sont des restaurants de quartier, c'est-à-dire où les mêmes personnes, les habitués vont régulièrement. Et là, il y a comme un peu une ambiance de quartier et on se tutoie.
Mais quand c'est un autre restaurant plus chic, on va plutôt utiliser le vouvoiement. Et en général, dans les magasins, où on va acheter d'autres choses, par exemple des vêtements, des choses comme ça. Peu importe ce qu'on achète dans les magasins, en général, on va se vouvoyer.
Et dans le monde du travail, il faut simplement écouter ce qui se passe autour de nous.
Donc, il ne faut pas présumer que le tutoiement est universel et dans toutes les circonstances, le vouvoiement est quand même important.
Attention, si le français n'est pas votre langue maternelle, il y a des erreurs qu'on peut faire avec le tutoiement et le vouvoiement
Par exemple, on ne va pas dire monsieur et le prénom de la personne.
🚫 Bonjour, monsieur Frédéric. Monsieur ou madame, c'est toujours avec le nom de famille.
Et même chose, on ne va pas tutoyer si on dit monsieur.
🚫 Donc, on ne va pas dire quelque chose comme: Qu'est-ce que tu veux, monsieur? Non. 👍 Qu'est-ce que vous voulez, monsieur?
Le conflit et l’engueulade
Par rapport à la France et peut-être même aux États-Unis, le Québec est une société qui évite plutôt le conflit.
Ça ressemble un peu aux cultures hispanophones que j'ai connues, par exemple au Costa Rica. Et je pense que là-bas, en Amérique centrale, ça va encore plus loin, cette idée d'éviter le conflit.
Ça veut dire que s'engueuler, ce n'est pas bien vu au Québec. Et surtout se plaindre en public pour un service dont on n'est pas satisfait. Donc, par exemple, au restaurant, dans un cinéma ou peu importe.
Si quelque chose n'était pas à la hauteur de vos attentes, il ne faut pas le dire trop fort. Il faut surtout chercher à trouver un compromis en cas de problème.
Qui paie quoi?
Maintenant, des questions sur l'argent. Qui paye si on vous invite lors d'une première rencontre, etc.?
Si on vous invite au restaurant et que la personne dit spécifiquement, je t'invite ou c'est moi qui t'invite, l'idée est que vous n'allez pas devoir payer. C'est la personne qui vous invite qui va payer.
Mais autrement, quand des amis se rencontrent dans un bar, par exemple, ou dans un restaurant, chacun paye son addition séparément. Et même chose pour les fêtes, par exemple, une fête d'anniversaire. Si c'est mon anniversaire et je dis que ça serait le fun qu'on aille au restaurant, ça ne veut pas dire que je vais payer pour tout le monde! Donc, sauf si je le dis spécifiquement d'avance, je dis c'est moi qui t'invite.
Si un employeur vous invite au restaurant ou une autre situation professionnelle, il ou elle va régler l'addition.
Les amis qui se connaissent vont parfois offrir de payer au restaurant. Si, par exemple, je vais au restaurant avec un ami et je dis ce soir c'est moi qui t'invite, donc je règle l'addition. Et l'idée, c'est que la prochaine fois, l’autre personne va probablement faire la même chose. Donc, il n'y a pas d'attente, mais c'est bien vu de faire ça si quelqu'un vous invite. Si jamais vous retournez au resto avec cette même personne, essayez donc de faire la même chose.
Les dates
Pour les rencontres amoureuses, pour les dates, ça peut être assez difficile de comprendre les codes parce qu'ils changent avec le temps.
Mais généralement, au Québec, on a plus tendance à payer chacun de son côté. Mais encore une fois, ça dépend.
Par exemple, de mon expérience, certaines femmes peuvent s'offusquer si vous offrez de payer pour une première date. Mais d'autres femmes vont s'offusquer si vous ne payez pas.
Donc, ça devient un casse-tête absolu! Bref, il y a un peu de confusion à cet égard.
Généralement, on peut dire que c'est correct de payer pour une date.
Mais souvent, par exemple, dans les couples, les gens vont s'échanger celui qui paye ou celle qui paye. Donc, ça peut être moi la première fois, ça peut être toi l'autre fois. On ne va pas l'écrire et chercher de calculer exactement, mais il y a un petit échange de cette façon-là.
À quelle heure arriver?
Finalement, à quelle heure arriver si vous êtes invité quelque part?
Dans certaines cultures, si on vous dit « je t'invite pour 7h le soir," il ne faut pas arriver avant 9h », ce n'est pas le cas au Québec!
Généralement, on peut arriver un peu plus tard que l'heure prévue.
Donc, si on vous invite à souper à 6h30, vous pouvez arriver à 7h, ça peut même être 7h30, mais ce ne sera pas comme 9h ou 10h.
Si l'invitation spécifie à partir de 19h30, par exemple, là, vous pouvez arriver beaucoup plus tard!
Et s'il s'agit d'une sortie dans un bar où on dit qu’on va se rejoindre vers telle heure, encore une fois, il y a quand même une certaine flexibilité, vous allez arriver plus tard qu'à l'heure prévue.
Mais on va dire que comparé, par exemple, à mes amis haïtiens, ce n'est pas des heures plus tard, c'est un peu plus tard!
Merci pour ces astuces! Est-ce que les clients laissent souvent un pourboire dans un restaurant avec service au comptoir comme Starbucks ou dans une foire alimentaire ? Ici, je trouve que ça se fait de plus en plus, peut-être parce que la plupart des gens paient par carte et l'option est présentée à l'écran (difficile à éviter on pourrait même dire).