I’m continuing a new series of articles on language learning. They are in French, so you can practice!
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Peut-on véritablement parler comme un natif?
Il suffit d’une petite recherche sur YouTube pour trouver un bon nombre de vidéos utilisant la phrase “speak French like a native.”
Mais l’expression “speak fluently” est encore plus porteuse d’espoir.
Voici les titres de quelques vidéos que j’ai trouvées.
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Voyons ce qu’il en est.
Parler comme un natif
Les avis divergent quant à la possibilité pour les apprenants adultes d'atteindre une aisance linguistique comparable à celle d'un natif, sans presque aucun accent.
Comme nous l’avons vu la semaine dernière, des polyglottes comme Barry Farber croient que c’est impossible.
Bien que la plupart des experts s'accordent à dire qu'il s'agit d'une tâche très difficile et probablement irréalisable pour la plupart des gens, certains pensent qu'avec une quantité inhabituelle de travail et de dévouement, cela pourrait être possible.
Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui est arrivé au Québec à l’âge adulte ou même simplement passé l’âge de 12-14 ans et qui est arrivé à parler comme un Québécois.
Par contre, j’ai rencontré des gens qui ont atteint une maitrise remarquable du français et des codes linguistiques québécois. Toutefois, il y avait toujours un petit accent ou un truc décalé qui, de temps en temps, révélait leurs origines.
On ne peut probablement pas parler comme un natif mais on peut peut-être arriver assez proche d’une maitrise presque totale de la langue.
Pour ce faire, il faudrait
Un engagement total dans le projet.
Beaucoup de travail, avec l'étude quotidienne de la langue et des leçons régulières de coaching vocal ou de réduction d'accent avec un professionnel.
Mais plus important encore, pour atteindre une aisance comparable à celle d'un natif, il faudrait s'identifier fortement à la nouvelle culture et l'adopter comme culture dominante.
La question de l'identité est délicate
J’aurais de la difficulté à m’identifier comme un Américain ou un hispanophone et baigner à 100% dans une de ces cultures. Cela voudrait dire en partie abandonner ma culture. Pourriez-vous imaginer faire la même chose, dans le seul but de parler un français irréprochable?
Pourtant, cette dernière étape ne peut fonctionner que si vous vivez et respirez la langue vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Cela fonctionne à merveille pour bien intégrer une langue étrangère et aussi apprendre tous les codes culturels.
Mais il y a un inconvénient à cela…
Vous risquerez de commencer à parler votre langue maternelle avec un léger accent et d’adopter une syntaxe et du vocabulaire trop influencés par la structure de la langue qui prédomine dans votre cerveau, c’est-à-dire votre deuxième langue.
Là encore, la question de l'identité entre en jeu.
Après avoir vécu en Californie pendant près de trois ans et avoir parlé anglais presque tout ce temps-là, je suis revenu au Québec où, à ma grande surprise, beaucoup de gens pensaient que j'étais anglophone lorsque je leur parlais français!
Mon accent était légèrement décalé et je traduisais souvent mentalement de l'anglais, ce qui laissait croire à des Québécois que je n’étais pas natif comme eux.
J'étais dans une sorte de no man's land des langues.
Je ne parlais ni l’anglais ni le français sans accent.
Ce problème n’a duré qu’un mois ou deux
Aussitôt que je me suis replongé dans ma culture et ma langue d'origine, j’ai repris vite l’accent québécois et la syntaxe de mon français s’est replacée.
Mais j’étais jeune et je ne suis pas resté si longtemps que ça aux États-Unis.
Imaginez ce qui se passe lorsque quelqu'un a passé 30 ou 40 ans à l'étranger, parlant à peine sa langue maternelle, et qu'il rentre chez lui pour passer sa retraite sur son île ou dans son village natal!
J’ai entendu plusieurs histoires d’Italiens ou de Grecs qui ont eu un choc assez brutal sur le plan linguistique.
Mon avocat grec
J’avais un avocat d’origine grecque. Ses deux parents étaient nés en Grèce et avaient immigré au Canada avant sa naissance. Il a toujours parlé grec avec la famille et a suivi plusieurs cours d’été pour apprendre les bases de la culture grecque. Mais, contrairement à d’autres membres de cette communauté, ses parents ne retournaient pas souvent en Grèce et il n’a donc pas passé beaucoup de temps dans ce pays.
À l’âge adulte, il s’est rendu en Grèce, la terre de ses aïeux, pour y rester plusieurs mois et partir à la découverte de ses racines.
Il m’a dit que la langue a été un choc culturel, car sur place, il se sentait beaucoup plus dépourvu linguistiquement qu’il ne le pensait.
Il y avait tout un pan de vocabulaire qu’il lui manquait, et il n’arrivait pas à suivre les discussions sur plusieurs sujets, dont la politique et les actualités locales.
Le grec qu’il parlait était un grec familier, la langue qu’on apprend à la maison et qui convient parfaitement pour des conversations limitées à cette sphère. Il lui manquait donc une énorme partie de la langue, celle que l’on apprend en dehors de la sphère familiale.
Cela démentit l’affirmation selon laquelle il suffirait de parler sa langue maternelle à ses enfants pour qu’ils l’apprennent.
Les langues sont très complexes et ne s’apprennent pas avec un seul contact linguistique.
La prononciation native
Avec beaucoup d'entraînement, certaines personnes peuvent parvenir à une excellente prononciation dans une langue étrangère qu'ils ont apprise à l'âge adulte. Toutefois, en écoutant attentivement, il sera évident pour tout locuteur natif que cette personne n'est pas native.
Plusieurs enfants qui ont grandi dans une famille bilingue ont tendance à ne parler qu'une seule langue avec une précision native. L'autre langue a tendance à être légèrement colorée par la langue dominante.
Les enfants d'immigrants qui grandissent en parlant trois langues ont parfois un accent dans chacune d'elles.
Par exemple, mon coiffeur est né au Québec de parents grecs.
À la maison, il parlait le grec et l’anglais, et a appris le français dans la rue.
Je parle français avec lui et il fait de nombreuses fautes de grammaire, mais il parle avec un accent canadien-français. Lorsque je l'entends parler anglais avec sa sœur, je constate que son accent est teinté par ses origines grecques. J’imagine que c’est la même chose pour son grec.
Donc il parle trois langues (l’anglais, le français et le grec) avec un accent qui n’est pas complètement natif.
Parler couramment
On traduit “speak fluently” par parler une langue couramment.
Parler comme un natif est quelque chose d’assez objectif: si d’autres locuteurs natifs sont en mesure de détecter un accent étranger, on pourrait dire que quelqu’un ne parle pas comme un natif.
Mais pour ce qui est de parler couramment, la définition est plus floue et ambiguë.
Grâce à YouTube, de nouveaux polyglottes superstars ont acquis une certaine notoriété. Ils prétendent souvent parler couramment cinq, dix ou même dix-sept langues.
Sans donner de noms, je vais citer certaines affirmations que j’entends souvent
Voici ce qu’un de ces polyglottes affirme.
Depuis 2013, je parle couramment et avec assurance sept langues. Et je suis capable de converser dans beaucoup d'autres
Ces sept langues sont l'espagnol, l'allemand, l'italien, le néerlandais, le français et le mandarin.
La définition du dictionnaire LeRobert de parler couramment est:
Sans difficulté, avec aisance.
D’autres définitions nous donnent les éléments de précision et facilité.
La semaine dernière, nous avons vu comment le polyglotte Barry Farber se méfiait de telles affirmations et préférait parler en termes plus modestes.
Mais si l’on prend la définition la plus simple de parler couramment, il est clair qu’il n’est pas si facile que cela d’affirmer que quelqu’un parle couramment une langue.
La plupart des polyglottes de YouTube publient principalement des vidéos dans lesquelles ils discutent du sujet de l’apprentissage des langues, mais en anglais. Lorsqu'ils publient des vidéos d'eux-mêmes en train d’avoir une conversation dans une langue étrangère, elles sont généralement très courtes, et le plus souvent sur le même sujet de l’apprentissage des langues.
Je dirais que je parle couramment l’anglais (et bien sûr le français), et que j’arrive à un certain degré d’aisance en espagnol, en italien et en allemand, moyennant un peu de pratique au préalable. Et je me débrouille assez bien en portugais (je n’ai toujours pas le courage de dire que je parle bien cette langue), tandis qu’en russe, j’ai au mieux un niveau très débutant, de survie.
Je dirais donc que je parle ces langues mais j’évite d’utiliser le mot couramment. Je les parle plus ou moins bien.
L’objectif de parler couramment est une chimère que de nombreux influenceurs tentent de vous faire poursuivre lorsqu'ils vantent les avantages de leurs méthodes.
Parler sans faire d’erreurs (ou très peu) et avec un bon vocabulaire n’est selon moi pas suffisant pour parler couramment une langue.
Il faudrait également partager des références culturelles et être en mesure de comprendre de nombreux accents régionaux sans trop d’effort.
Qu'est-ce qui fait qu’on vous répond en anglais?
On dit souvent que dès que certains Québécois (surtout à Montréal) entendent un accent étranger, ils passent à l’anglais.
Mais pourquoi est-ce que certaines personnes avec un accent assez fort s’intègrent très bien dans des communautés francophones sans qu’on sente le besoin de passer à l’anglais avec eux?
La phonétique est un sujet très complexe.
Il y a des choses évidentes, comme le “R” français que les non-natifs prononcent trop, ou pas du tout. Leur “R” ressemble davantage à la “jota” espagnole, parce qu'ils creusent un peu plus profondément que nécessaire.
En français, il n'y a pas d'accent tonique ou presque. En anglais, les mots ont un accent tonique spécifique. Pour un francophone, cette distinction est difficile à saisir. Nous avons donc tendance à mal placer l'accent tonique. Et pour les anglophones, la tendance est grande d’accentuer les mots français sur la première syllabe, ce qui constitue un élément de l’accent anglophone.
Mais pour moi, le véritable signe de non-nativité n'est pas la prononciation, mais plutôt un manque de spontanéité
C’est-à-dire de parler une langue apprise et non une langue acquise.
C’est de dire pour commander
S’il vous plait, puis-je avoir un café?
Au lieu de dire
Je vais prendre un café, s’il vous plait?
Ce n’est pas votre accent qui vous trahit, c’est votre choix de mots, et l’assurance avec laquelle vous parlez!
Pour approfondir ce sujet, voici quelques articles et cours disponibles pour les membres de French With Frederic.
J’ai beaucoup aimé cette article! Ces observations sont tous près de mon coeur. Chez nous, en grandissant ici au Canada, on parlais l’allemange presque exclusivement jusqu’au cinq ans. Nous devions assister au cours de “Saturday German School” (un cauchmar que trop de jeunes allemands-canadiens devaient souffrir), quelques visites immersives chez la famille en allemagne, et finalement un an d’échange pendant des années universitaires. C’était mes grandparents qui ont quitté l’Europe entre les deux guerres mondiales, alors nous grandissions avec la langue de cette époque. Quand je suis arrivée en allemagne, mon nouvel amie s’est moquée de moi quand j’ai utilisé le mot “Eisschrank” (icebox, ou le compartiment à glace?) au lieu de “Kühlschrank” (le réfrigérateur). De même, elle riait que j’avais un accent croisé entre un d’anglais et un d’une sub-région de la Bavière. Quand elle m’emmenais à son village de naissance, ses amis d’école me consideraient d’être tellement coincé, car “tu choisis de parler - pourquoi ne pas jaser avec nous?”. Alors, ils ont m’identifié comme un locuteuse native…mais pas le type que je voulais être! Mon camouflage linquistique était presque parfait, mais pas exactement. Aujourd’hui mes compétences sont très rouillées, mais je communique sans me sentir nerveuse, honteuse ou bloqué (comme il me passe en français).
Ma soeur, avec 22 ans, an émigré en Allemagne et a appris l’anglais à ses enfants. Elle a vécu un éxpérience assez immersive qu’elle commence a commet des erreurs en anglais et porte un légèr accent allemand en anglais. Maintenant je me moque d’elle, comme mon ami faisais de moi :) Mes neveux parlent l’anglais avec accent, et plus interressant, l’un neveu parle anglais en voix beaucoup plus nasal et haut qu’en allemand. Cependant, ils parlent couramment et sans hésitation. Même s’ils recherchent quelques mots spécialisé ou commettent des petits erreurs, ils continuent de communiquer sans hésitation et sans peur de commettre des erreurs. Je crois que c’est ça qui est le but d’utiliser des langues étrangers - la communication!
Ayoye, Kevin Tremblay est en train de revenir! 😂